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LA DÉCOUVERTE DE L’ANNEAU DE SATURNE PAR HUYGENS

rées par un intervalle vide de matière. Ceci suffit à faire comprendre l’aspect de la phase ronde de Saturne car, par un mouvement de rotation, les deux croissants qui accompagnent la planète peuvent être transportés, l’un sur le disque de Saturne, l’autre derrière.

Fig. 8.
Saturne avec ses deux bras, d’après Hévélius.

Nous ne reproduirons pas ici les conceptions des imaginations débordantes d’alors, mais, à la suite d’Hévélius, une autre opinion vraisemblable se fit jour assez communément : Saturne lui-même tournait et l’on pouvait admettre, en conséquence, que les diverses observations devaient se rapporter à l’examen de ses différentes faces. Au reste, après avoir cru un instant, comme Galilée, que tous les phénomènes étaient accidentels et dépendaient de causes passagères, Hévélius s’arrête encore, en 1656, à designer si phases principales pour Saturne :

Saturnus monosphericus
» trisphericus
» spherico-cuspidatus
» spherico-ansatus
» elliptico-ansatus-diminutus
» elli»ico-an»atus-plenus.

Galilée, Scheiner[1], Fontana[2], ignorèrent donc la véritable

  1. Christoph Scheiner, né en 1575 à Walda (Souabe), mourut le 18 juillet 1650 à Neisse. Il était jésuite, professeur d’hébreu et de mathématiques à Fribourg en Brisgau, puis à Ingolstadt (1610-1616), plus tard à Rome, enfin recteur du collège des jésuites à Neisse. Il est surtout connu par ses écrits sur les taches du soleil et les satellites de Jupiter, par la description d’un halo solaire observé à Rome le 20 mars 1629 et par l’expérience optique qui porte encore aujourd’hui son nom.
  2. Son vrai nom est Matthias Hirzgarter ; naquit à Maschuanden (Zurich) le