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LA REVUE DU MOIS

ment les démentir, et refuser, toutes choses égales dans la désorganisation de l’industrie, de laisser revenir à la nation les profits accaparés en violation de la liberté commerciale ?

Voilà pourquoi les monopoles d’État se multiplient chez les puissances protectionnistes ; l’Italie, l’Espagne, l’Autriche, la Suisse, la Russie, ont les leurs ; à ceux qu’elle possède, la France brûle d’en ajouter quelques autres ; mais étudiez ceux de l’Angleterre et de la Belgique…

V

Que faire ? N’avons-nous pas dit qu’il ne dépend pas de nous seuls de réagir contre la politique protectionniste, de rebrousser chemin dans ce mauvais sentier où les périls s’accroissent à chaque nouvelle étape ?

Que nous puissions seuls opérer ce revirement, certes il n’y faut pas encore songer ; mais que nous puissions largement y contribuer par l’apport d’un concours loyal, c’est une autre affaire. Pour rendre possible ce désarmement économique, il ne suffit pas, comme pour l’autre, de dire hypocritement « que les concurrents étrangers commencent ! » Il est des moyens de préparer de part et d’autre les concessions nécessaires :

D’abord, il faut profiter du renouvellement prochain de certaines conventions commerciales pour obtenir, en échange de réductions sur nos tarifs, des compensations correspondantes.

Par suite, ce sont donc ces réductions de tarifs qu’il faut étudier. Il faut les faire porter principalement sur les matières premières nécessaires à l’industrie, et particulièrement sur les charbons et les fers. Les taxes douanières sur les matières premières ont la plus fâcheuse répercussion sur toutes nos fabrications ; elles ont pu jouer un rôle de protection temporaire, il est inadmissible qu’elles passent à l’état de régime ; actuellement, la protection dont jouissent les fers est toujours de 23,64 p. 100 : c’est un taux inadmissible, aujourd’hui que notre métallurgie est devenue, grâce à son organisation puissante et au développement des mines de l’Est, capable de se défendre contre la concurrence étrangère.

Quand des industries ont acquis, sous l’influence des tarifs protectionnistes, une vitalité propre, il faut réduire progressi-