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POURQUOI DORMONS-NOUS ?


C’est peut-être une singulière constatation à faire, mais, si l’on demandait au hasard à quelqu’un : « Pourquoi dormez-vous ? » il y a mille à parier contre un que la personne interrogée ne saurait que se troubler ou bien fournirait une réponse sans valeur. Je me suis amusé à le faire et, la plupart du temps, ceux qui trouvaient à me répondre se bornaient en somme à constater une nécessité, dont ils ignoraient parfaitement la cause. On me disait « nous dormons parce que nous avons besoin de dormir ! » mais, quant à l’origine de ce besoin, il semblait impossible qu’on y remontât. À vrai dire, cela n’a rien d’absolument étonnant ; nous croyons sans doute parfaitement connaître la nature de nombreux actes, dont nous ignorons totalement la cause et le mécanisme, et cette ignorance sur les origines d’un phénomène ne diminue en rien la valeur de ce que nous savons à son sujet, en le considérant d’une façon statique. Mais, une particularité de nos notions à l’égard du sommeil est que nous ignorons à la fois et son histoire et sa nature. S’il nous est impossible de répondre justement à cette question : « Pourquoi dormons-nous ? » il nous est d’autre part impossible de répondre à celle-ci, qui semble plus simple « Que faisons-nous en dormant ? Qu’est-ce que dormir ? » Et, cependant, le sommeil occupe plus du tiers de notre vie, il apparaît, dans l’économie de notre être, comme un facteur strictement indispensable.

I

Ce n’est pas d’ailleurs que de nombreux travaux n’aient été effectués, pour étudier le mécanisme du sommeil, ou pour le définir ; ainsi, dans tous les traités de physiologie, il lui est fait