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gage transformiste, n’auraient pas été précédés par des ancêtres plus simples, appartenant à des groupes plus inférieurs du même rameau ? La réponse matérielle à cette question nous a été fournie seulement depuis un très petit nombre d’années.

Nous n’avons pas encore en effet terminé notre voyage en profondeur, à la recherche des premières traces de la vie, dans l’épaisseur de l’écorce sédimentaire du globe. Au-dessous du terrain cambrien, il existe dans des contrées diverses, en France, en Angleterre, en Finlande, dans le nord de l’Amérique, d’énormes épaisseurs de couches sédimentaires : schistes, grès, conglomérats ou calcaires, longtemps considérées comme azoïques. On les désigne sous le nom général de terrain précambrien ou encore de Huronien, à cause de leur grand développement sur les bords du grand lac canadien. En France, les couches schisteuses connues sous les noms de schistes de Rennes, de phyllades de Saint-Lô ou de Douarnenez sont des représentants très nets de ces couches précambriennes dans le vieux massif armoricain.

L’absence ou l’extrême rareté des débris organiques dans ce terrain s’expliquent aisément parce que ces sédiments très anciens ont fréquemment éprouvé, dans la suite des temps géologiques, sous l’influence de causes d’origine interne que nous aurons à analyser plus loin, des modifications de structure que l’on désigne sous le nom général de métamorphisme. Les schistes au lieu d’être terreux et amorphes, sont satinés ou luisants par suite du développement de membranes de mica ou de séricite ; les calcaires sont devenus marmoréens ou saccharoïdes ; parfois même la cristallinité de ces sédiments a atteint des degrés plus accentués, comparables à ceux que l’on observe ordinairement dans le terrain dit primitif ou cristallophyllien. Ce métamorphisme partiel ou total a eu pour premier effet de détruire les fragiles traces des êtres aux formes variées qui ont peuplé sans aucun doute les eaux des mers précambriennes : c’est là, on peut le dire, le cas le plus général.

Pourtant, en quelques points privilégiés et par suite de circonstances locales difficiles à préciser, le métamorphisme a respecté fort heureusement une partie des sédiments de cette