Page:La Revue du Mois, tome 2, 1906.djvu/46

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
43
L’APPARITION DE LA VIE SUR LE GLOBE

À côté de ces organismes problématiques, nous trouvons des formes zoologiques bien définies : des spicules d’Éponges siliceuses, des Polypiers très primitifs, des Alcyonnaires chitineux du groupe éteint des Graptolithes ; des Échinodermes appartenant aux trois types des Crinoïdes, des Cystidés et des Astéries ; de nombreux Brachiopodes dont une famille, celle des Lingules, à coquille cornée, a traversé depuis le Cambrien inférieur la série entière des formations géologiques jusqu’à nos mers actuelles, à peu près sans avoir subi la moindre modification morphologique. Les Mollusques, quoique relativement peu nombreux, sont cependant représentés par quelques espèces de Lamellibranches de la famille des Arches et surtout par plusieurs genres à habitat pélagique du groupe des Ptéropodes. Les Céphalopodes eux-mêmes, le type le plus élevé de la classe des Mollusques ont été récemment découverts dans le Cambrien d’Esthonie et du Canada sous la forme de Nautilidés à coquille droite, voisins des Orthocères (genre Volborthella).

Enfin la classe des Arthropodes marins est richement représentée soit par quelques Ostracodes enfermés entre leurs deux valves calcaires, soit par quelques Malacostracés inférieurs voisins des Nebalia actuels, soit surtout par le groupe alors florissant des Trilobites : sur environ 150 genres connus de ce groupe, le tiers, ou 50 genres avec 250 espèces, ont été trouvés dans le système cambrien. La faune de Trilobites du Cambrien est entièrement distincte de celle du Silurien : un très petit nombre de genres, tels que Agnostus et Conocoryphe passent dans la faune Silurienne.

Contrairement à ce que nous avons vu pour l’époque Silurienne, aucune trace de Vertébré n’a encore été signalée dans les couches cambriennes : il semble logique de considérer l’absence des Poissons dans les mers de cette époque comme une simple lacune provisoire de nos connaissances.

Ainsi le monde Cambrien se montre, si l’on fait abstraction des Vertébrés, comme constitué sensiblement par les mêmes éléments généraux que le monde Silurien. Tous les grands groupes d’Invertébrés y sont représentés, et par leurs types les plus élevés en organisation, tels que les Céphalopodes dans le rameau des Mollusques, les Crustacés dans le rameau des Articulés. Peut-on supposer sans une grande invraisemblance, que ces animaux si complexes, si évolués pour parler le lan-