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LA REVUE DU MOIS

Après la découverte sensationnelle de Barrande, la faune primordiale a été retrouvée un peu partout en Suède, en Angleterre, en Espagne, en Amérique ; en France elle a échappé longtemps aux recherches des géologues jusqu’à ce que M. Bergeron eût la bonne fortune de la découvrir en 1888 sur les pentes méridionales de la Montagne Noire.

Mais déjà à ce moment, la faune à Paradoxides avait été détrônée de son auréole de faune la plus primitive. Le Dr Hicks avait en effet recueilli dans les couches cambrienues les plus inférieures du pays de Galles, près de la petite ville de Saint-David’s, les rudiments d’une nouvelle faune ayant sans doute de grandes affinités avec la faune de Bohême, mais distincte par ses espèces de Brachiopodes et située sans aucun doute possible au-dessous des couches caractérisées par le genre Paradoxides. La faune du Cambrien inférieur ne tarda pas à être bientôt reconnue dans des régions diverses et caractérisée par un genre spécial de Trilobites, l’Olenellus, distinct du Paradoxides par ses pointes céphaliques plus courtes et le nombre moins élevé des segments du thorax. À la suite de ces découvertes la faune de Bohême cessait d’être la faune primordiale pour devenir seulement la faune caractéristique du Cambrien moyen.

Dans l’état actuel de nos connaissances, le total des animaux fossiles recueillis dans l’épaisseur entière du terrain Cambrien sur toute la surface du globe constitue un ensemble très remarquable dont nous devons analyser les caractères les plus essentiels.

Ce sont d’abord de simples traces, des pistes d’animaux sur le sable ou la vase marines ; les paléontologistes sont embarrassés en présence de ces empreintes et ne savent à quel groupe zoologique il faut les attribuer. Ils se contentent le plus souvent de leur donner des noms provisoires en attendant que quelque hasard heureux permette un jour une détermination plus précise. Quelques-unes de ces pistes rayonnent autour d’un point central, ce sont les Oldahmia ; d’autres, les Arenicolites sont de petites stries alignées sur deux files et attribuées à la marche de Vers marins ou Annélides ; d’autres enfin, formées par deux sillons parallèles sont sans doute des pistes de Crustacés.