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LA REVUE DU MOIS

quelques parties du Plateau Central français, le Limousin par exemple. Les sciences naturelles sont en honneur dans cette ville et ce n’est pas sans un sentiment d’admiration un peu jalouse que l’on voit ce magnifique monument, le Musée National, élevé par la nation tchèque à la gloire de la Bohême. Ce superbe palais contient toutes les collections nationales d’archéologie, de préhistoire, d’histoire naturelle vivante et aussi les collections géologiques et paléontologiques.

La visite du Musée de Prague est pour le naturaliste et en particulier pour le géologue français un véritable pèlerinage. Ce musée est en effet tout vibrant du souvenir de l’un de nos plus savants compatriotes, Joachim Barrande.

Barrande a demeuré de longues années en Bohême, et il a profité de ce séjour et des libéralités d’un royal protecteur pour se livrer à une étude approfondie du bassin silurien de la Bohême.

La ville de Prague est en effet assise au centre d’une cuvette ou large bassin formé en majeure partie de couches siluriennes. Barrande a étudié patiemment, assise par assise, les couches de ce bassin, et il a recueilli les innombrables fossiles contenus dans chacune de ses couches. Les résultats de ses admirables découvertes sont consignés dans une magnifique série de volumes intitulés : Système silurien du centre de la Bohême, qui constituent une véritable bibliothèque, un monument qui sert encore de base à toutes les recherches sur les animaux des temps primaires.

Le souvenir de Barrande est resté tout à fait vivant en Bohême et c’est avec une légitime satisfaction que le géologue français qui parcourt les environs de Prague voit apparaître sur la rive de la Moldau, gravé sur le roc, le nom de Barrande, au-dessus des carrières de Konieprus, qui lui ont livré une importante partie de ses richesses.

Les collections de Barrande sont restées au Musée de Prague, où elles occupent au deuxième étage du Musée national une immense salle désignée sous le nom de Barrandeum. Dans un angle de la salle, au pied d’un monument, sorte de petit autel où se dresse le buste de Barrande, sont disposés les marteaux qui lui ont servi dans ses recherches et la collection des ouvrages qu’il a écrits : c’est là, comme nous le disions plus haut, un véritable pèlerinage.