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LA REVUE DU MOIS

mouvement oscillatoire amorti dont il montra la possibilité d’amener les équations à un type canonique, sur l’équation réduite de Van der Vaals et la loi des états correspondants, et d’autres encore, je viens de rappeler rapidement quels étaient déjà l’acquis scientifique, l’importante production de Curie avant le commencement des recherches de la troisième période, celle des corps radioactifs, où il eut occasion d’utiliser les rares qualités que nous avons vues à l’œuvre pour obtenir des résultats plus surprenants peut-être et surtout mieux faits pour frapper l’imagination, résultats dont les conséquences chaque jour plus nombreuses paraissent toucher aux bases les plus profondes de notre connaissance.

Je n’essaierai point d’examiner ici ce que fut l’œuvre des huit dernières années de sa vie, les faits merveilleux qui sont dans toutes les mémoires ; nous y consacrerons une étude prochaine. J’ai seulement voulu rappeler la partie moins connue de sa production scientifique par laquelle il avait déjà su donner sa mesure.

J’ai surtout voulu, en rassemblant ici ces quelques souvenirs, en un bouquet pieusement déposé sur sa tombe, contribuer, si je le puis, à fixer l’image d’un homme vraiment grand par le caractère et par la pensée, d’un admirable représentant du génie de notre race.

Entièrement affranchi d’antiques servitudes, amoureux passionné de raison et de clarté, il a donné l’exemple, en prophète inspiré des vérités futures, de ce que peut réaliser en beauté morale et en bonté, dans un esprit libre et droit, le courage constant, la propreté mentale, de toujours repousser ce qu’il ne comprend pas, et de mettre sa vie d’accord avec ce rêve.

Paul Langevin.