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PIERRE CURIE

magnétique diminue en fonction linéaire de la température, loi toute différente de celle présentée par les corps faiblement magnétiques, puis au moment de la fusion cette susceptibilité du bismuth tombe brusquement à une valeur vingt-cinq fois plus faible pour rentrer maintenant dans la loi générale et rester invariable quand la température continue à monter.

Ces résultats sont en faveur des théories qui attribuent le magnétisme et le diamagnétisme à des causes de nature différente, le magnétisme faible ou fort existant dans les corps dont les molécules possèdent par leur structure un moment magnétique et le champ extérieur ayant l’effet unique de les orienter plus ou moins complètement.

L’action diamagnétique parait toute différente et plus profonde, indépendante en général de la température et de l’état physique ou chimique de la matière (la fusion de l’azotate de potassium, les changements d’état allotropique du soufre n’influent pas sur leurs propriétés diamagnétiques). Il semble qu’il y ait là une action du champ magnétique sur le mouvement des particules intérieures à l’atome et cette conception est encore confirmée par l’extrême petitesse de ces phénomènes. La propriété diamagnétique pourrait, en ce sens, être plus générale que la propriété magnétique qui se superpose à elle pour les corps dont les particules ont, à l’état normal, un moment magnétique différent de zéro. Pour ces derniers, la propriété diamagnétique, toujours très faible, est entièrement masquée par l’autre.

Tels sont les résultats essentiels du travail de Curie, d’importance capitale au point de vue de nos conceptions sur la nature intime des phénomènes magnétiques et qu’a permis d’atteindre un labeur habile et tenace, hérissé de difficultés d’ordre expérimental. Car je n’ai rien dit des procédés qui permirent d’effectuer aux hautes températures des mesures considérées déjà dans les conditions ordinaires comme de la plus grande difficulté, si l’on songe en particulier que les très faibles actions diamagnétiques peuvent être profondément modifiées ou complètement masquées par la présence de traces d’une substance magnétique, de fer principalement.

Laissant de côté diverses contributions théoriques sur le