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LA REVUE DU MOIS

particules, l’orientation parallèle dans un champ suffisant, l’aimantation à saturation du corps devenu ferromagnétique. Tel le fer primitivement rouge quand il descend à la température de recalescence. Curie lui-même pose ainsi le problème :

À première vue, les trois groupes de corps sont absolument tranchés ; cette séparation supporte-t-elle un examen plus approfondi ? Existe-t-il des transitions entre ces groupes ? S’agit-il de phénomènes entièrement différents, ou avons-nous affaire seulement à un phénomène unique plus ou moins déformé ? Ces questions préoccupai beaucoup Faraday qui y revient souvent dans ses Mémoires. On lui doit sur ce sujet une expérience importante : on savait depuis fort longtemps que le fer perd à la chaleur rouge ses propriétés magnétiques. Faraday a démontré qu’aux températures élevées le fer reste encore magnétique bien que faiblement.

Un corps ferromagnétique se transforme progressivement quand on le chauffe en corps faiblement magnétique et l’on peut donner une image générale des phénomènes en remarquant que la façon dont l’intensité d’aimantation varie sous l’influence de la température et de l’intensité du champ magnétisant rappelle la façon dont la densité d’un fluide varie sous l’influence de la température et de la pression.

Comme dans le cas de la dilatation des gaz, la loi inverse de la température absolue paraît en effet une loi limite vers laquelle tend la loi de variation du coefficient d’aimantation spécifique d’un corps ferromagnétique lorsque la température est suffisamment éloignée de celle de transformation.

Les phénomènes diamagnétiques ont au contraire une allure entièrement différente. Dans presque tous les cas étudiés la susceptibilité négative qui reste absolument invariable quand la température varie dans de larges limites, paraît une propriété spécifique des atomes ou des molécules tout à fait indépendante de leur mouvement d’agitation, caractère remarquable par sa rareté et qui se rencontre uniquement dans les phénomènes intéressant la structure interne de l’atome (raies spectrales, phénomènes radioactifs, action des rayons de Röntgen, cohésion diélectrique, etc.). Quelques exceptions extrêmement curieuses existent à cette loi d’invariabilité ; la principale est celle que présente le bismuth, si singulier déjà par l’ensemble de ses propriétés électriques. À l’état solide, sa susceptibilité