NOTES ET DISCUSSIONS
La graphologie a de nombreux adeptes et de grandes prétentions ; les experts en écriture s’érigent parfois en auxiliaires de la justice et leurs verdicts ont eu dans certains cas une influence indéniable ; et ne voilà-t-il pas qu’on propose maintenant d’utiliser la graphologie pour mieux connaître les enfants et diriger plus sûrement leur éducation[1] ? Ces prétentions des graphologues officiels sont-elles justifiées ? Beaucoup de gens pensent que non ; mais il n’est peut-être pas conforme à l’esprit de la méthode scientifique de se contenter ainsi d’une opinion qui n’est en somme qu’une impression plus ou moins vague. Il n’est peut-être pas permis de traiter la graphologie par l’ignorance et le mépris ; car, dans la mesure où elle serait vraie, elle pourrait être très utile et dans la mesure où elle est fausse, elle peut être dangereuse. Aussi doit-on savoir beaucoup de gré à M. Binet de ne pas avoir reculé devant la tâche longue, minutieuse et parfois très ingrate de soumettre les graphologues à un contrôle scientifique. Il a résumé ses recherches dans un livre que je tiens à signaler tout particulièrement à nos lecteurs[2], car il est un excellent exemple de l’emploi d’une méthode scientifique rigoureuse en des questions où l’on est guère habitué à s’en servir. Quand je dis que la méthode de M. Binet est scientifique et rigoureuse, je n’entends pas approuver toutes les conclusions de son livre ; j’aurai des réserves à faire sur certaines d’entre elles ; mais c’est précisément en cela que la méthode de M. Binet est excellente : il n’impose pas à son lecteur ses conclu-
- ↑ On consultera avec intérêt sur ce sujet un livre récent de M. Solange Pellat, membre du Conseil de la Société de graphologie, expert près le Tribunal de la Seine : L’Éducation aidée par la graphologie, ouvrage rédigé conformément au vœu du premier Congrès international des sciences de l’écriture. (Hachette, 1906).
- ↑ Alfred Binet. Les Révélations de l’Écriture d’après un contrôle scientifique. (Alcan, 1906).