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LA REVUE DU MOIS

nomie spéciale entre les mers qu’il traverse ; tels sont le Gulf-Stream aux eaux chaudes et fortement salées, les courants polaires qui viennent baigner l’Islande et la Norvège, les courants saumâtres issus de la Baltique, etc. Naturellement ce sont encore les courants de surface qui se révèlent d’abord par de semblables indices ; mais les exemples qu’ils ont fournis ont suggéré de bonne heure un besoin de généralisation, et le désir de caractériser pareillement les courants sous-marins. C’était l’affaire d’une longue enquête sur la répartition des températures, des salinités, des densités dans toute l’étendue et à toutes les profondeurs de la mer.

Nous ne décrirons pas les appareils de prélèvement et de mesure que l’on perfectionne d’ailleurs sans cesse, et nous ne voulons pas davantage nous étendre sur les modes de détermination de la salinité. On a porté au plus haut point de précision les méthodes classiques : méthodes aréométriques ou densimétriques, pesées de l’extrait sec, titrage du chlore par les liqueurs normales, etc. ; on en a même créé de nouvelles comme la détermination de la salinité par mesure de la conductibilité électrique, du point de congélation, ou de l’indice de réfraction ; cette dernière méthode en particulier, grâce à l’emploi du prisme différentiel de Hallwach, donne très rapidement la salinité avec une erreur moyenne de 0,027 p. 1000.

Dans la pratique, les hydrographes effectuent le titrage du chlore par une solution de nitrate d’argent, avec le chromate de potasse comme indicateur (méthode de Mohr), et l’on contrôle fréquemment le titre de la liqueur d’argent à l’aide d’un étalon d’eau de mer parfaitement connu que le laboratoire international de Christiania fournit à toutes les missions. Ces étalons en tubes scellés, proviennent tous d’une même masse d’eau qui a été analysée très soigneusement par diverses méthodes, notamment par titrage de Vollhard ; on a poussé la précision jusqu’au point de déterminer les variations de densité que produit la dissolution graduelle du verre d’enveloppe dans cette eau de mer. Inutile de dire que l’on a dressé toutes les tables nécessaires pour passer de la salinité au poids spécifique et pour

    on a convenu d’en retrancher l’unité et de multiplier le reste par 1000, ainsi le poids spécifique 1,028135 s’exprimera σ = 28,135.

    Au lieu de caractériser une eau par son poids spécifique on la caractérise souvent par l’inverse de ce dernier, et c’est ce qu’on appelle son volume spécifique.