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L’OCÉANOGRAPHIE

ET LES PÊCHES MARITIMES



I

L’océanographie, étant la science des choses de la mer, pourrait comprendre la biologie marine et spécialement l’histoire des mouvements du poisson. Si même on la restreint, comme il est d’usage, à la seule mécanique de l’océan, elle domine encore toute la pratique des pêches, s’il est vrai que la vie et les mouvements du poisson sont déterminés par les conditions dynamiques, physiques et chimiques de l’eau qui le baigne. L’influence des lieux, des saisons et du temps sur la pêche se marque souvent sans erreur possible ; parfois au contraire elle est spécieuse, moins certaine ou moins simple. De leurs observations les pêcheurs ont enrichi lentement un manuel traditionnel, voire même une théorie composite, fragmentaire, parfois contradictoire et c’est déjà une application de l’océanographie aux pêches, application où l’erreur et la vérité se mêlent dans une mesure inconnue.

Quand les hommes de science ont abordé ce domaine ténébreux, ils y ont projeté quelques hypothèses très claires, très lumineuses, trop souvent fausses malheureusement, et leur intervention ne fut pas toujours marquée par un progrès. Si l’on n’a pas attendu les savants pour réfuter l’origine polaire du hareng, on leur doit une théorie assez analogue de ses migrations saisonnières ; dans cette hypothèse les poissons voyageurs seraient étroitement sténothermes, c’est-à-dire astreints à l’obligation d’habiter toujours des eaux à la même température. Ainsi en Amérique comme en Europe, le maquereau fréquente les eaux littorales du printemps à l’automne, puis il disparaît mys