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LA VOUTE CÉLESTE

à la distance qui sépare horizontalement les deux yeux : supposons la tête immobilisée et dessinons alors, en fermant successivement l’œil gauche et l’œil droit, un groupe d’objets situés à diverses distances de nous ou un objet présentant un relief, et nous obtiendrons, comme on sait, un dessin différent avec chaque œil. Ce sont les mêmes différences, existant entre les deux images que porte un carton stéréoscopique, qui font que, quand on regarde dans un stéréoscope ces images, on a l’illusion d’un relief des objets et de différences de profondeur entre eux.

La convergence des axes optiques peut, comme il a été dit, nous renseigner sur la distance absolue d’un point lumineux unique. La parallaxe binoculaire, au contraire, ne nous renseigne que sur les différences de profondeur des objets : ainsi, dans l’obscurité, en présence de deux points situés l’un à 5 mètres, l’autre à 6 mètres de nous, nous percevrons, grâce à elle, que l’un de ces points est plus près de nous que l’autre, mais c’est par la convergence seule que nous pourrons savoir (très inexactement, d’ailleurs, quand les distances dépasseront quelques mètres) à quelle distance l’un ou l’autre de ces points se trouve de nous.

Les changements dans les sensations qui résultent des changements de convergence ne sont pas très délicatement différenciés. On peut admettre, d’après les chiffres que j’ai trouvés expérimentalement à cet égard, que la convergence ne nous renseigne plus sur la profondeur dès que celle-ci dépasse environ 20 mètres ; ceux qui ont voyagé en voiture de nuit sur les routes à la campagne savent combien il est difficile d’estimer à quelle distance se trouve une autre voiture dont on aperçoit la lanterne et qu’il s’agit d’éviter, lorsque cette voiture n’est cependant pas éloignée de plus de 30 à 40 mètres. La distance au delà de laquelle la parallaxe binoculaire ne produit plus d’effets est beaucoup plus considérable : elle est, dans des conditions très favorables de netteté des objets, et d’après les résultats concordants obtenus par divers expérimentateurs, de 2000 à 3000 mètres.

Revenons maintenant à la voûte céleste. L’illusion d’une voûte n’est très nette, comme je l’ai fait remarquer, que lorsque le ciel n’est pas uniformément bleu ou gris, que lorsqu’il est couvert d’étoiles ou de petits nuages. Le fait se comprend