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LA VOÛTE CÉLESTE



Nous éprouvons, surtout lorsque le ciel est parsemé d’étoiles ou couvert de petits nuages nettement distincts les uns des autres, l’impression d’avoir au-dessus de nos têtes une voûte. D’où vient cette illusion ? Quelles sont les conditions dont elle dépend ? Quelle est la forme de cette voûte apparente, quelles en sont les dimensions, à quelle distance de nous paraît-elle se trouver ? Ce sont ces questions, qui d’ailleurs se tiennent, que je me propose d’examiner ici brièvement. Je m’appuierai, d’ailleurs, pour essayer de les résoudre, exclusivement sur des faits qui me paraissent bien établis et que quiconque voudra s’en donner la peine pourra vérifier.

Un premier point sur lequel il convient d’insister, c’est que la voûte céleste n’est pas ou n’est qu’à un faible degré affaire d’imagination ; elle est essentiellement un phénomène de perception. En effet, lorsqu’on regarde avec un seul œil, l’illusion s’atténue et se modifie considérablement ; l’imagination, s’il s’agissait d’imagination, devrait cependant influer de la même manière lorsqu’on observe avec un œil que lorsqu’on regarde avec deux. Ce fait que l’illusion est beaucoup moins nette lorsqu’on observe avec un œil prouve, en outre, que l’illusion est essentiellement, du moins chez l’homme normal, un phénomène de vision de vision binoculaire. On constatera facilement la différence à l’égard de l’illusion considérée entre la perception monoculaire et la perception binoculaire en observant, la nuit, la voûte étoilée, en maintenant quelque temps un œil fermé, en regardant ensuite avec les deux yeux, et en répétant ainsi les alternances de vision avec un œil et avec deux.

Un autre fait prouve encore que l’illusion n’est pas ou est peu une affaire d’imagination : c’est que la voûte paraît plus petite, plus rapprochée de nous la nuit ou par temps sombre, que le