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LA REVUE DU MOIS

qui n’existe pas encore, et il est très regrettable, à notre avis, que le gouvernement n’invite pas un grand nombre de reporters à prendre part à ces manœuvres. Ce serait une occasion de vulgariser les choses de la mer, ce qui est plus urgent que jamais, et il n’y aurait que des avantages à mettre le public au courant des problèmes posés sinon résolus. L’Angleterre agit ainsi depuis longtemps, et, cette année même, elle embarque une douzaine de journalistes sur différents navires pendant la période des manœuvres navales qui ont lieu actuellement. Pourquoi la marine française s’isole-t-elle autant du grand public ? — Perellos.

Marine marchande. — La nouvelle loi sur la marine marchande. — La nouvelle loi sur la marine marchande, adoptée en hâte et presque sans discussion par le Sénat au mois d’avril à la veille de la séparation des Chambres, est la quatrième loi de primes votée en faveur de nos industries maritimes ; les trois premières ont échoué, qu’adviendra-t-il de la quatrième ?

À vrai dire, elle ne réalise sur ses devancières que des progrès insuffisants : le seul qui soit indéniable, c’est la division — réalisée au moins en principe — entre la protection de l’armement et la protection des chantiers : ainsi sont évitées bien des confusions et des complications auxquelles est en partie imputable l’échec des lois précédentes.

Mais, cette réserve faite, tous les vices rédhibitoires des lois de 1881, 1893 et 1902 se retrouvent, à peine atténués, dans la loi de 1906 ; le principe de la prime est toujours le même : les subventions sont accordées au navire, non pas en raison des services qu’il a pu rendre, du fret qu’il a transporté, mais simplement en tenant compte de sa jauge. — Comme l’a montré dans un intéressant ouvrage M. Marcel Plessix[1], il eût été surprenant qu’une aussi maladroite protection pût porter ses fruits : aussi les primes des lois précédentes n’ont pu relever notre marine marchande.

Comment espérer dès lors que le régime de 1906 puisse être plus fécond en résultats que les régimes antérieurs ? Il est vrai que pour faire accepter la loi nouvelle, on l’a présentée comme une mesure urgente et provisoire… Nous verrons bien.

Questions extérieures. — Le tsarisme et les partis révolutionnaires. — Cette brève, mais précise étude historique de M. J. Bourdeau doit être signalée. L’auteur y montre nettement comment la

  1. Marcel Plessix : Navires et ports marchands (Berger-Levrault).