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LA REVUE DU MOIS

M. Émile Boutroux a été élu vice-président en remplacement de M. Appell. Les présidents de l’Association, depuis sa fondation, en 1846, ont été : Victor Cousin, Paul Dubois, Henri Patin, Ernest Havet.

Économie sociale. — Assurance et participation. — La fréquence récente des conflits entre le capital et le travail, leur caractère parfois aigu, surtout leur évidente coordination n’ont pas été sans frapper tous les esprits ; bien que cette situation presque nouvelle n’ait rien d’étrange et qu’on ait assurément tort d’en concevoir des alarmes que le bon sens a suffisamment ridiculisées, on conçoit cependant les inquiétudes des chefs d’industrie, et nul ne trouvera surprenant qu’ils recherchent dans une action collective les moyens de sauvegarde devenus nécessaires.

C’est pour trouver ces moyens et les mettre en application qu’un groupe important de patrons, ceux des industries mécaniques et de l’automobile, se sont décidés à former une sorte de syndicat de défense et d’assurance contre les grèves ; ils se proposent de constituer une caisse commune, alimentée par des versements proportionnels aux salaires respectifs payés par chacun d’eux ; le taux de proportionnalité serait de 2 pour 100, ce qui, pour les 300 millions de salaires payés annuellement par ce groupe d’industries, représente une cotisation de 6 millions chaque année. — Ces cotisations accumulées serviraient, en cas de grève, à venir au secours des patrons syndiqués, à les indemniser des dommages causés par la grève, en un mot à leur donner des armes pour résister aux prétentions excessives de leur personnel.

Loin de nous la pensée de critiquer un tel système ; nous avons plusieurs fois appelé de nos vœux l’organisation de l’assurance contre le chômage ; il s’agissait du chômage des ouvriers, et nous voulions voir entre leurs mains un moyen de défense contre la misère qui leur permît de soutenir leurs revendications sans avoir à compter avec la faim ; il n’y a pas deux justices, et nous applaudissons à l’idée des patrons de créer un instrument qui leur permette, à leur tour, de défendre leurs prétentions sans avoir à compter avec la faillite.

Mais voici qu’à la résolution sus-mentionnée des industriels on propose une addition particulièrement heureuse ; l’idée de cette addition vient d’un homme connu pour la générosité de ses sentiments en même temps qu’apprécié pour sa modération : M. Ch. Mildé, ancien président du syndicat professionnel des industries électriques

« Cette caisse patronale, dit M. Mildé, outre un prélèvement sur les