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L’INSTRUCTION TECHNIQUE DES ÉQUIPAGES DE LA FLOTTE

question générale. La seule solution consiste, comme pour les marins proprement dits, à donner cet apprentissage naval et l’éducation maritime correspondante dans des écoles professionnelles où les enfants, dès l’âge de quatorze ans, seraient élevés en vue de leur utilisation future exclusivement maritime.

Ces jeunes gens arriveraient au service avec le bagage professionnel et moral nécessaire pour constituer une pépinière de sous-officiers hors ligne. Pendant qu’il était ministre, M. de Lanessan avait eu cette conception, mais tandis qu’elle était abandonnée par son successeur, elle fut immédiatement adoptée par la marine anglaise, et les résultats qu’elle a obtenus depuis deux ans a déjà dépassé toute attente, ainsi que M. Cawdor, premier lord de l’Amirauté vient de le faire connaître officiellement dans son récent mémorandum au Parlement (décembre 1905). Quant à la valeur très grande que doit posséder le corps théorique, source des officiers mécaniciens, elle ne peut être obtenue que par une élévation des programmes et une sélection des candidats.

La première condition est évidente, et on ne peut pas dire qu’elle soit remplie aujourd’hui car, pour ne citer qu’un exemple, on voit à l’école la plus supérieure des premiers maîtres mécaniciens théoriques le même officier professer à la fois les cours d’algèbre, de physique, d’électricité, de mécanique et de trigonométrie, et cette multiplicité est peut-être considérable pour le même homme.

À vrai dire, la seconde condition ne nous paraît pas non plus suffisamment remplie par les projets en cours, parce que les écoles d’Arts et Métiers auxquelles on fait appel comme source de recrutement ne comportent à nos yeux ni un enseignement supérieur suffisant ni une mentalité maritime convenable. Je ne veux certes pas diminuer aux yeux du lecteur la valeur très connue des élèves sortis de ces écoles : l’industrie est peuplée de leurs ingénieurs, et il y a presque unanimité pour les préférer en pratique, à ceux sortant d’écoles très supérieures.

Je crois néanmoins que le niveau des officiers mécaniciens gagnerait à avoir une instruction première plus grande que celle représentée par le certificat d’études supérieures, parce qu’un cerveau préparé dès l’enfance perçoit mieux les idées générales qu’un esprit élevé à leurs concepts à l’âge où les idées sont déjà formées. Je crois, de plus, que c’est une grosse erreur de