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san, et il va sans dire que ce système implique une modification correspondante dans le recrutement des équipages.

Ajoutons que ces réformes seraient sans effet si les officiers ne poursuivaient pas à bord l’instruction de leurs hommes, et c’est une erreur trop répandue chez eux de considérer les brevetés comme ayant terminé cette instruction parce qu’ils sortent des écoles. Les théories à bord n’ont pas aujourd’hui l’importance qu’elles méritent et aucune facilité n’est donnée aux équipages pour poursuivre leur instruction avec intelligence et méthode ; la faute en est assurément aux chefs de service qui ne vulgarisent pas assez l’explication des appareils, mais elle en est aussi à l’État qui ne donne pas aux officiers l’aptitude à cette divulgation, puisqu’il leur refuse l’instruction pratique et industrielle dont j’ai parlé dans un article précédent.

II. — Mécaniciens

Si l’on passe à l’étude des mécaniciens, il en est tout autrement, et l’on peut dire que rien de ce qui est écrit dans les pages précédentes ne s’applique à eux, parce que cette spécialité, étant nouvelle, n’a pas été entravée dans son épanouissement par des traditions immuables. Aussi la constitution de ses écoles fut-elle à l’origine assez logique. L’enseignement théorique succédait, dans chaque grade à l’enseignement pratique, et c’est l’ensemble de ces connaissances qui déterminait les promotions au grade supérieur.

Cette conception avait bien l’inconvénient de disséminer les enseignements théoriques et pratiques sur des intervalles trop espacés et des périodes trop longues, mais la somme des connaissances à acquérir était assez restreinte à cette époque pour justifier ce principe, et il avait de plus l’avantage d’être égalitaire en conférant les grades aux plus méritants, quelle que soit leur origine. Bientôt, toutefois, les attributions des mécaniciens augmentèrent prodigieusement d’abord parce que la puissance et le nombre des machines croissait rapidement, ensuite parce que la marine, se méprenant sur le rôle industriel de chacun, confondait les ouvriers et les mécaniciens, au point de leur demander une compétence égale, enfin parce que tous les appareils mécaniques du bord leur furent peu à peu confiés,