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L’INSTRUCTION TECHNIQUE DES ÉQUIPAGES DE LA FLOTTE

sauraient remplir leurs fonctions d’une manière convenable que s’ils joignent la possession de connaissances sérieuses en physique, en mécanique et même en chimie à une expérience consommée des divers types d’appareils évaporatoires et moteurs qui existent à bord des navires de guerre modernes. Les torpilleurs doivent avoir des notions étendues théoriques et pratiques des parties de la physique relatives à l’électricité, à la chaleur et à la lumière, posséder les principes de la mécanique et la connaissance de certains phénomènes chimiques. Les canonniers ne seront désormais à la hauteur de leur tâche que s’ils savent, indépendamment du tir de leurs pièces, monter, démonter et entretenir d’une manière convenable les appareils mécaniques si délicats des culasses, des affûts et des monte-charges, et s’il possèdent quelques notions des poudres et des projectiles dont ils ont le maniement quotidien. Ils devront aussi posséder les éléments de physique nécessaires pour la compréhension et la conduite des organes de manœuvres hydrauliques ou électriques des tourelles et des affûts, pour le pointage électrique ou optique des pièces, etc.

Enfin, tous devront posséder, en même temps que les connaissances professionnelles, les éléments de métallurgie et, au moins, les notions descriptives de l’architecture du navire dans lequel sont placés, dans des conditions qui ne sont pas indifférentes, les divers appareils dont ils ont la conduite et l’entretien. Il sera indispensable aussi que tous possèdent, d’une manière spéciale, les éléments du dessin, soit géométral, soit perspectif, leur permettant d’exécuter rapidement des croquis cotés et clairs des diverses pièces d’une machine ou d’un appareil quelconque. L’utilité de ces connaissances générales n’est pas douteuse, aussi bien pour le mécanicien que pour le torpilleur ou le canonnier, et leur acquisition contribuera à développer chez ceux qui les posséderont l’initiative et la décision, qualités éminemment précieuses dans la marine.

Les connaissances théoriques et pratiques et l’expérience que devraient posséder tous les brevetés supérieurs de nos trois grandes spécialités maritimes, pour faire face convenablement à leurs devoirs, ne peuvent être acquises ni dans des écoles primaires ni même dans les collèges ou lycées de l’instruction secondaire.

Et c’est pourquoi M. de Lanessan propose la création d’écoles professionnelles maritimes alimentées par des enfants de treize à quinze ans pourvus du certificat d’études primaires, et dans lesquelles on développera l’instruction décrite ci-dessus en vue de leur utilisation spéciale dans la marine : C’est absolument la constitution des Boys training en Angleterre qu’on pourrait même généraliser en France plus que ne le propose M. de Lanes-