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leur valeur professionnelle a besoin d’être doublée de connaissances techniques plus élevées et variables avec chaque spécialité. Les besoins du service et les capacités intellectuelles des candidats en fixeraient les limites qui pourraient être établies a priori par comparaison avec l’enseignement public ou privé donné dans tous les pays aux ouvriers et contremaîtres remplissant dans la vie civile des situations analogues à celle des sous-officiers de la marine. Cet enseignement un peu plus théorique, venant après plusieurs années de pratique exécutée dans les bas grades, aurait l’avantage de mieux leur faire comprendre l’abstrait après leur avoir appris le concret ; il contribuerait aussi beaucoup à rehausser le niveau des sous-officiers au grand avantage de leur autorité, et c’est d’autant plus impérieux que ceux-ci peuvent de moins en moins se tenir au courant du matériel compliqué et variable qu’ils ont à entretenir.

On pourra objecter qu’un pareil programme suppose une instruction première plus développée que celle des apprentis actuels. Ce reproche n’a pas toute la valeur qu’on lui attribue car on méconnaît, ainsi que je l’ai dit plus haut, la valeur intellectuelle de ceux-ci. Toutefois j’estime que les connaissances réclamées aux marins de spécialité leur seraient mieux infusées par une longue formation de l’esprit obtenue au moyen d’écoles professionnelles spéciales qui auraient pour résultat de réduire le nombre des marins brevetés en élevant leur qualité. On ne saurait mieux faire à ce propos que de citer les considérations suivantes dues à M. de Lanessan.

Parmi les spécialités entre lesquelles nos équipages se divisent, il en est surtout trois qui exigent des connaissances sérieuses : ce sont celles des mécaniciens, des torpilleurs et des canonniers. Bien que les machines, chaudières, canons et torpilles soient des appareils différents aussi bien dans leur construction que dans leur manœuvre et leur entretien, il nous semble nécessaire de donner d’abord au personnel qui sera chargé des uns et des autres des connaissances générales communes et utiles à tous. Il est facile de se rendre compte de cette nécessité en examinant les fonctions que remplissent à bord les diverses catégories du personnel que nous venons d’énumérer.

Et d’abord, il est presque inutile de dire que les mécaniciens ne