langage de la sorcellerie médiévale au naturalisme le plus scatologique et Octave Mirbeau, qui prendra place parmi les créateurs d’écoles, quelque jour, et dont le talent voisine — sans que sa verve truculente le laissât deviner — le génie. Tous ceux-là n’ont point encore de postérité. Notre temps, avide de jouir, et au besoin sans délicatesse, dépouillé de toute culture profonde et assoti par la politique, n’est pas celui de ces écrivains laborieux ou trop subtils. Je dois dire, en passant, qu’à mes yeux, feu Barrès fut un écrivain médiocre et surfait.
Dans les écoles nouvelles, un rangement nouveau apparaît. C’est celui des éditeurs. La Nouvelle Revue Française, sur laquelle planait André Gide, transforma longtemps sa firme d’édition en cénacle. Ce fut financièrement très douteux, mais quel prestige ! On voulut tenir Gide comme le créateur d’une sorte de surstendhalisme et on fit beaucoup pour faire vivre ce que Je nommerai l’école Julien Sorel.
Les milieux étroits, toutefois, sont excellents pour donner confiance et force à leurs membres. Il est sorti de la N. R. F. des écrivains remarquables, comme Jules Romains, créateur de l’unanimisme, et qui est vraiment resté original dans son synthétisme psychologique. De là s’épanouit aussi Marcel Proust, curieux faiseur de monographies mondaines, en un genre anglo-saxon fort intelligent. Un critique estimé a classé Valéry Larbaud parmi les grands noms de cette firme. Je n’y puis souscrire, mais c’est un honnête symboliste ayant du goût pour les voyages, et qui inventa la couleur locale par symboles. De la N. R. F. naquit aussi Paul Valéry, la plus amusante mystification de notre temps. Car on accorda du génie à ses plaisantes — reconnaissons-le — imitations poétiques de Stéphane Mallarmé, et à des gloses en prose, très divertissantes, ou le charabia du Sar Peladan fait mayonnaise avec l’onction vaniteuse de Paul Claudel, capucin bègue et ambassadeur.
Le destin de Paul Valéry, que son œuvre — la matière d’un in-64 de cent pages — mènera sans