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Cl. Bulioz.

Le Maitre de « l’Annonciation d’Aix ».
Le Prophète Jéremie.
Volet d’un triptyque d’Aix. – Musée de Bruxelles.

des malheurs qui avaient affaibli en France la fécondité des artistes, mais n’en avaient pas tari la source, Sluter fait revivre un art qui répond aux aspirations et aux instincts de la race et qui continue vraiment la tradition du xive siècle français. De ce bel arbre planté en Bourgogne par cet homme du Nord francisé, deux rameaux se détachent : l’un remonte vers les Flandres et s’épanouit dans l’admirable génie de Van Eyck ; l’autre descend vers le Midi. Ce sont les mêmes raisons psychologiques et politiques qui, vraisemblablement, rendent compte de ce double développement divergent : l’art va chercher, ailleurs que dans cette Île-de-France qui fut jadis son foyer le plus beau, une atmosphère favorable que lui refusent les troubles et les misères du temps. À Avignon, il rencontre des influences siennoises non encore effacées, et l’on voit naître cette fleur pleine de force et de grâce, l’Annonciation d’Aix.

Types des figures, style des draperies, caractère du décor architectural et sculptural, tout cela, qui est vraiment le principal, nous parle ici de France et d’esprit français ; et plus que tout, peut-être, cette atmosphère de