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de tous les parfums de l’Orient mauresque : à la féerie voyageuse il préférait l’élégante modernité quittant le secret du boudoir pour le plein air de la rue.

L’histoire commence pour cette époque de luxe et de charme insouciants où Daumier rentrait dans l’ombre, où Gustave Doré, peintre des Mères et dessinateur des Titans, donnait plus d’une preuve de son invention parfois shakespearienne, où Frémiet devançait M. Rodin dans la préhistoire et dans la puissance, où M. Bonnat préludait à sa galerie de portraits par de robustes études italiennes, près de Bida, près de Heilbuth, près de Jules Lefebvre et de Bouguereau, fidèles amis de près de Ribot, de Vollou, déjà beaux peintres. Chacun de ces noms peut se lire ici comme dans un musée. Un portrait de femme, par Mme O’Connell nous transmet l’inclination de l’auteur pour Van Dyck. Un harmonieux paysage d’automne rappelle justement le nom trop obscur et le talent vite oublié de Nazon (1821-1902). Un superbe fusain que M. Lhermitte a fait, en 1883, au pays natal, les Laveuses, nous rapproche de l’actualité la plus récente où M. Renard, copiste avisé de la Joconde, est représenté par la plus délicate de ses toiles, le Déjeuner des orphelines, le jour de la première communion, qui lui valut la médaille d’honneur au dernier Salon : note contemporaine, exceptionnelle en cette imposante collection de la marquise Carcano, qui méritait l’hommage d’un souvenir avant d’être bientôt dispersée.

Raymond BOUYER