Page:La Revue de l'art ancien et moderne, Tome XXXI, Jan à Juin 1912.djvu/364

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

n’admet que le rayonnement tout inférieur de la tendresse, ce Gemüth indéfinissable autant qu’intraduisible en français qui distingue les blondes héroïnes de Schumann ou de Weber. La belle antithèse de Salomé la danseuse tenant sur ses genoux le plat de cuivre et le couteau damasquiné !

Leible revint promptement à Munich : mais d’autres étrangers avaient de bonne heure adopté la France glorieuse pour seconde patrie. Quoique né Belge, Alfred Stevens était devenu Parisien : sa Rêverie de 1860, une


Fortuny. – Le Mariage espagnol (La Vicaria).

jeune liseuse de romans à l’ombre d’un vieux parc, symbolise la femme coquettement enjuponnée du Second Empire ; et ce luxueux instant de grâce française ne renaît-il pas encore mieux dans la nudité mutine d’une Diane sans rigueur de Baudry ? Depuis les Joueurs d’orgue devant la grille du château jusqu’à l’heure plus véridique des pastels féminins, Joseph de Nittis, non plus, ne doit pas être oublié : Napolitain d’origine, mais vite naturalisé Parisien, comme Stevens, et mort à la fleur de l’âge, comme Fortuny, comme Regnault, le peintre de genre avait refusé de suivre ces enchanteurs dans une Espagne chatoyante et sémillante, encore emplie