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pour l’art » ; et deux races ne se sont jamais si vivement dévoilées qu’en opposant à la patience française de Meissonier la désinvolture espagnole de Eortuny : Liseur rose de 1857 ou Fumeur noir de 1864, — les petits personnages du premier n’ont jamais pu se rencontrer, malgré leur habit
J.-B. Greuze. — Les Deux Sœurs.
d’autrefois, dans la Vicaria du second… Au demeurant, cette étincelante Vicaria datée de 1870, et qui ne séduisit pas seulement Zamacoïs ou Rico, nous semble aujourd’hui plus et mieux qu’une fête des plus mondaines pour la joie des yeux : c’est une comédie peinte, en pleine pâte fluide par un Beaumarchais d’outre-monts ; et parmi la fraicheur de ces costumes Directoire égayant la sacristie de l’église espagnole devant ce marié pimpant qui signe, cette jolie mariée très décolletée, cette demoiselle d’honneur très écourtée, devant ce bouquet de chairs et de soies, devinons la malice du peintre, heureux de saisir la gaucherie du clerc abasourdi par l’invasion du « siècle ». En ce riche décor, l’humilité de cette noire soutane ne serait pas mieux vue par l’auteur, né malin, du Mariage de Figaro.

Pendant que Fortuny copiait Goya, son ancêtre, et ses portraits royaux, l’Espagne pouvait réclamer une part dans le succès d’un nouveau