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représentent la spéculation aléatoire et dangereuse[1]. À prix égal, je choisis les anciens[1]. »

Que répondre à ces raisons que la raison connaît trop bien ? À vrai dire, les amateurs du sexe fort n’ont pas au même degré la terreur du risque et de l’aventure, mais la grande majorité cherche à se montrer
Carlegle. — Toile imprimée.
(A. Groult, éditeur.)
esthète au meilleur compte possible : jusqu’à présent, l’art moderne, s’y est mal prêté. Un moment nous avons espéré, au Salon de cette année, toucher enfin à cette fusion rêvée de l’art et de l’industrie. Un grand industriel parisien, rival des Koch et des Maple, vient d’éditer, après concours, un bureau dessiné par Henri Rapin et exécuté par les ébénistes Vasseur et Gilley. Divan profond, larges fauteuils où le bois recouvert de maroquin apparaît cependant en quelques points pour s’égayer de bronze doré, bureau d’une élégance parfaite, bibliothèque à deux corps, admirable de construction logique et d’équilibre, où l’acajou, marqueté de feuillages d’automne, s’éclaire de motifs en bronze doré, empruntés au mûrier sauvage : tout cet ameublement, présenté dans une tenture d’un violet chaud et sombre, gardait un caractère de gravité accueillante et de distinction aimable. C’était un ensemble heureux et peut-être le plus heureux du Salon.

  1. a et b Sans être grand prophète, il est permis cependant de prédire qu’un siège ou un bureau de M. Eugène Gaillard (dont l’abstention cette année est particulièrement regrettable) n’auront rien perdu de leur valeur dans un demi-siècle. Les meubles qu’Henri Fourdinois dessinait pour l’impératrice Eugénie vaudraient aujourd’hui bien au delà de leur prix de revient.