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Faut-il en accuser la multiplication des ensembles ? Jamais en tout, cas l’absence de cette discipline commune, que nous envions, sans l’admirer, à l’art munichois, ne nous avait autant frappé qu’à ce Salon. On y soupçonnait comme des courants qui entraînaient nos décorateurs, l’un en amont, l’autre en aval, et faisaient tourbillonner le troisième en cercle. On eût voulu tirer quelques idées générales : il fallait se borner à des
Paul Mezzara. — Store d’atelier.
Filet brodé.
individualités. Bien plus, la valeur originale des œuvres, qui aurait du gagner à cette diversité, n’avait pas même monté. Les intransigeances d’autrefois s’étaient prêtées à des concessions opportunes. Elles n’effrayaient pas la vente, mais comme le propre de la nature humaine est de passer sans cesse d’un pôle à l’autre, plusieurs exposants avaient fait à la mode des sacrifices qu’il est permis de trouver excessifs. Ici, l’art munichois avait laissé son empreinte ; là, l’art anglais de Maple. Celui-ci revendiquait, en la modernisant, la tradition Louis XVI ou Premier Empire. Celui-là prenait hardiment la succession des tapissiers de Louis-Philippe. C’était, avouons-le, déconcertant.

Gardons-nons, cependant, de nous montrer injuste. L’enthousiasme que nous avait causé le Salon de 1911 était trop vif. Impression de nouveauté, fraîcheur de première floraison, on ne pouvait espérer le retrouver deux fois. Ce n’est pas un signe de décadence que de voir, dans une même exposition, M. Maurice Dufrène présenter la distinction suprême de ses meubles en citronnier, où les nuances éteintes des garnitures se