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visite. Goncourt, qui a vu cette minuscule aquarelle dans la collection Destailleur, a pu lire au bas la signature et la date de 1773[1].

Sur la Naumachie des jardins de Monceau, ce n’est pas ici le lieu d’insister. On se souvient peut-être que la Revue a publié naguère l’étude où j’identifiais, à l’aide de divers documents contemporains, cette grande page de Gabriel de Saint-Aubin, traitée d’une façon toute décorative, dans un format inusité chez l’artiste, et ne rappelant rien de ce que l’on connaissait de lui jusqu’alors ; une signature parfaitement authentique, accompagnée de la date de 1778, rend inattaquable l’attribution de cette toile[2].

La peinture est un singulier mélange de lourdeur et d’esprit, de franchise et de repentirs. Au delà d’un premier plan assez sombre, encombré de fragments d’architecture, au milieu desquels on retrouve, assis devant son carton, le dessinateur de l’Académie particulière, la Naumachie occupe tout le milieu du tableau. Dorées par une douce lumière frisante, les colonnes délimitent l’élégant ovale du bassin. Au fond, des frondaisons légères ondulent. À droite, sur un îlot, un obélisque se dresse, aujourd’hui disparu ; et à gauche, pour balancer la composition, de grands arbres poussent leurs branches plus haut que les colonnes du cirque. Tout cela fort inégal, opposant tels morceaux de la meilleure venue à tels autres gâtés par les corrections de l’artiste, mais témoignant de préoccupations très curieuses à constater chez un annaliste de la vie parisienne qu’on ne soupçonnait point capable de s’intéresser au paysage décoratif ni de le peindre ; et tout cela, d’ailleurs, rappelant bien plus Hubert Robert que l’auteur de la Parade, de l’Académie particulière, et de cet autre morceau décoratif qu’est le Lever du jour.

Le Lever du jour est une toile allégorique, en forme de trumeau ou de dessus de porte, signée de Gabriel de Saint-Aubin et acquise en 1883

  1. L’eau-forte (no 23 du catalogue de Beaudicour mesure 0,078 sur 0,102, y compris 0,005 de marge ; elle porte le titre, mais pas de date. — Le dessin aquarelle est décrit par Goncourt, dans l’Art du XVIIIe siècle (éd. in-16), 2e série, p. 193, et dans le catalogue de la vente Destailleur (1893, no 112, pièce 45, avec la date 1776). Je n’ai pas vu ce dessin et ne donne ces dates que sous réserve. — À titre d’indication, on rapprochera de cette date la mention suivante, inscrite par Saint-Aubin sur une feuille de garde de son exemplaire illustré et annoté de la Description de Paris de Piganiol de La Force ; « M. le Cte de Rohan-Chabot. Académie particulière. Décembre 1775 (collection J. Doucet ; feuille de garde à la fin du tome III). S’agit-il de la peinture, de l’aquarelle ou de l’eau-forte ? Je ne sais. Néanmoins, cette date m’a paru intéressante à relever pour l’historique de l’œuvre.
  2. Toile. II. 0.77: L. 1,09 — Voir la Revue, t. XXV, p. 207.