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des remparts de Paris, popularisés par les estampes de Courtois. A vrai dire, la vue de Gabriel a moins d’envergure et vise moins à la synthèse d’un moment de la vie parisienne ; elle ne prétend pas caractériser le boulevard tout entier et se contente de nous en montrer un tout petit coin, encadré de beaux arbres, où la foule s’amasse devant un tréteau de bateleurs. La saynète est pleine de gentils détails : les promeneurs


LA NAUMACHIE DES JARDINS DE MONCEAU, (1778)

Peinture – Collection de Mme H. Dacier.


font cercle autour de l’estrade, les voisines se penchent à leurs fenêtres, un polisson grimpe à un arbre ; une soubrette s’approche au bras de son galant, oubliant le bambin qu’elle tient par la main et qui tape du pied, furieux de ne rien voir ; l’homme qui a battu la caisse fait un somme à l’ombre, appuyé sur son tambour, tandis qu’au-dessus de lui Arlequin et Crispin, la colichemarde au poing, se poussent de furieuses bottes pour attirer les badauds... C’est pittoresque, animé, joyeux ; vivement peint, au surplus, dans une gamme claire et soutenue.