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par une gravure et un dessin, et la quatrième par une gravure et une description contemporaines. Elles se répartissent sur un assez long espace de la vie de l’artiste : la Parade est de 1760, l’Académie particulière peut être placée vers 1773-1775, la Naumachie porte la date de 1778 ; quant au Lever du jour, on n’a aucun renseignement sur l’époque à laquelle il fut exécuté. Ajoutons encore que ces quatre pages, dont l’une est un paysage la Naumachie, l’autre un tableau de mœurs, (la Parade), une autre une étude de nu (l’Académie particulière), une autre enfin une décoration allégorique (le Lever du jour), ne se ressemblent pas plus sous le rapport de la technique que sous celui de l’inspiration. Pas une d’elles ne figura aux expositions auxquelles Saint-Aubin fut représenté, soit de son vivant, soit après sa mort ; et c’est à une date toute récente que deux d’entre elles ont été restituées à leur auteur.

Ainsi en est-il de la Parade, acquise par la Galerie nationale de Londres, le 4 mai 1907, à la vente de la collection Francis Baring, de Norman Court (Salisbury) [1]. Le catalogue la donnait à (lillot, mais elle fut reconnue par le grand amateur anglais M. J. P. Heseltine pour l’original d’une gravure anonyme, dont le Cabinet des estampes de la Bibliothèque nationale possède une épreuve inachevée, — épreuve singulièrement importante, ainsi que l’avait remarqué M. G. Schéfer, puisqu’une main contemporaine y a inscrit à l’encre la date du tableau original, le nom du peintre et celui du graveur : Gabriel de St Aubin pinxit, 1760, Duclos aqua forti sculp.

En laveur de cette identification, M. Heseltine put encore fournir un autre argument emprunté à sa propre collection, sous les espèces d’une feuille de croquis exécutés d’après nature par Saint-Aubin, en vue de son tableau. Lorsque Goncourt découvrit cette feuille d’études, il ne manqua pas de la rapprocher de la gravure de Duclos qu’il intitulait la Parade des boulevards [2]. C’est bien un aspect des boulevards, en effet, qu’a représenté Gabriel de Saint-Aubin dans la Parade, l’année même où Augustin, son cadet, dessinait le Tableau des portraits à la mode et la Promenade

  1. N° 24 du catalogue. — Toile. II. 0,813 ; L. 0,635. — Acquis au prix de £ 99, 15 sh. — Sur cette peinture, voir M. W. Brockwell, the National Gallery, Lewis bequest (Londres, in-16), p. 56 et ss., et Burlington Magazine, juillet 1908, p. 151-152.
  2. L’Art du XVIIIe siècle (éd. in-16), 2e série, p. 217 ; et vente Goncourt, XVIIIe siècle, n° 266 du catalogue.