Page:La Revue de l'art ancien et moderne, Tome XXXI, Jan à Juin 1912.djvu/11

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sont célèbres à juste titre parmi la production d’une époque où les estampes célèbres ne se comptent plus ; ses illustrations marginales de livrets de Salons el de catalogues de ventes, — une part de son œuvre qui n’est qu’à lui, — ont fait à Gabriel de Saint-Aubin une place enviable au premier rang des petits maîtres de la fin du XVIIIe siècle. J’imagine qu’il aurait souhaité d’être aussi jugé sur ses peintures ; or, ses peintures, on ne s’en est pas encore occupé jusqu’à présent. Déjà rares du vivant de l’artiste, il ne nous en est parvenu qu’un nombre extrêmement restreint, et la plupart d’entre elles sont revenues au jour à une date si récente que les deux biographes des Saint-Aubin, Goncourt et A. Moureau, ne les ont point connues. En un mot, c’est ici la première fois que l’on essaye de coordonner ce que l’on sait de Gabriel de Saint-Aubin peintre.

Afin de procéder avec quelque méthode dans l’étude d’un œuvre encore mal débrouillé, on a réuni d’abord ce qui concerne les peintures authentiques actuellement connues ; on a groupé ensuite les renseignements sur celles des peintures, aujourd’hui disparues, dont nous possédons des gravures ou des dessins ; enfin, on a réservé une place aux œuvres dont le souvenir ne nous a été transmis que par des mentions ou descriptions contemporaines.


I

A ne considérer que les seules peintures à l’huile et en l’absence de deux trumeaux représentant la Loi et l’Archéologie, signalés par Goncourt et aujourd’hui disparus [1], l’œuvre de Gabriel de Saint-Aubin se réduit actuellement à quatre morceaux certains ; ce sont : la Naumachie des jardins de Monceau (à Mme H. Dacier), le Lever du jour (à M. Henry Pannier), la Parade des boulevards (à la Galerie nationale de Londres), et l’Académie particulière (à M. Jacques Doucet). De ces quatre peintures, la première est signée et datée, la seconde signée, la troisième authentiquée

  1. « Deux trumeaux peints et signés, vus chez M. Leblanc, il y a une vingtaine d’années et qui sont allés je ne sais où » l’Art du XVIIIe siècle, éd. in-16, 2e série, p. 208 ; . Un peu plus haut (p. 121), Goncourt parle une première fois de ces peintures et les déclare médiocres. — Lady Dilke cite une peinture de Gabriel, représentant le Nozze di Figaro, prêtée par M. Warneck à une exposition au Guildhall de Londres, en 1902 (French engravers, etc., of XVIIIth century, p. 133 ; je n’ai pu retrouver cette peinture.