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LES TABLETTES D’ÉLOI

Éloge funèbre.

Le douloureux devoir qui m’incombe…
Un devoir de trois cents lignes que vous avez copié.
Je suis tristement heureux…
C’est le seul bonheur qui soit de ce monde.
La cruelle mort frappe aveuglément…
Mais non, elle choisit les plus malades.
Bien qu’il fût octogénaire, sa fin nous a surpris…
Vous n’y pensiez plus, vous le croyiez enterré.
La veille, il dînait de bon appétit…
C’est ce qui l’a tué.
Il s’éteignit doucement, sans le savoir…
Qu’en savez-vous ?
Le vide qu’il laisse…
Une nuit de Paris réparera cela.
D’autres que moi diront…
La même chose.
Notre immense douleur…
Parlez pour vous.
La France s’associe au deuil…
Et les colonies ?
Il avait toutes les qualités…
Après lui, s’il en reste.
Il ne comptait que des amis…
Il ne savait pas compter
Confrère dévoué…
Au bas de ses lettres.
Il encourageait les talents…
Il aurait dû faire quelque chose pour le sien.
C’était un cœur d’or…
Qu’il rende l’argent tout de suite.
Modeste, il se diminuait, s’effaçait…
Pour mieux glisser entre les autres
Je le vois encore…
C’est de l’hallucination.
Il jouissait de l’estime générale…
Quoique chacun de nous en particulier lui refusât la sienne.
Au point de vue moral…
Café restaurant, terrasse, superbe coup d’œil.