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LES TABLETTES D’ÉLOI

De la dernière lettre d’Éloi sur l’Armature, par Paul Hervieu, il ressort : 1o qu’une phrase citée ne l’est jamais exactement ; 2o que peu importe, car le lecteur avisé vérifie de lui-même et le lecteur étourdi n’y a rien vu ; 3o qu’il suffirait de dire d’un livre « lisez-le, ou je vous poignarde », le reste étant vain ; 4o et que, toutes proportions gardées, ce qui plaît plaît moins que ce qui déplaît ne déplaît.


L’amitié ne dure qu’autant que les humeurs des deux amis restent complémentaires.


Ce que je prévois n’arrive jamais, et il me suffit de faire des projets qui m’embêtent, pour n’être contrarié que par d’agréables surprises.


Taisez-vous, ne dites pas cela, vous me feriez bondir hors de ma peau, tout écorché.


Dans la vie, Martel s’efforce seulement de ne point remuer la tête, afin que cette raie qui part du front et divise en deux moitiés égales ses cheveux, son crâne, sa nuque et se prolonge sous le col, puisse rejoindre là-bas, bout à bout, précisément, l’autre raie.


Tristan Bernard, auteur des Pieds nickelés.

Comme une locomotive fringante, il a trouvé sa voie. D’une activité d’outre-mer, il craignait la solitude. Quand on espérait le surprendre assis depuis des heures, il était sorti. Il cherchait le genre littéraire qui nécessite le plus de courses. Il peut travailler n’importe où, excepté à la même place, chez lui. De là ses qualités au théâtre.

— Je crois, disait-il avant les Pieds nickelés, que je n’en ferais pas trop mal.

Maintenant il ne dit rien. Il a l’air heureux du succès d’hier et des triomphes futurs, inévitables. Il sourit de la bouche, du nez, des yeux et ses poils de barbe brillent comme les rayons d’un soleil noir.

— Mais, lui dit Éloi, le théâtre est un exercice inférieur.