de communauté grèveraient brusquement les ressources financières du pays ; et peut-être la multitude plus esclave qu’à l’heure présente ne gagnerait-elle point même une vieillesse sûre, un meilleur menu quotidien.
Les fonctionnaires accapareraient exactement les places et les rentes du capitalisme contemporain. Ce serait la même chose sous des allures différentes, à cela près que ce mode social supprimant l’initiative individuelle, l’évolution de la pensée créatrice s’arrêterait net. Toute science et tout art péricliteraient.
Aussi, dès les premiers temps de pratique verrait-on des milliers de citoyens déserter cette vaste chiourme et aller quérir la liberté dans les états de monarchie. Les dictateurs socialistes resteraient seuls avec le troupeau des plus humbles incapables de défense, d’action opposante ; et, jusqu’à ce que celle-ci renaisse il s’écoulerait une centaine d’années agréables pour les maîtres élus de l’État. Les Messieurs du parti ouvrier ne sont pas sans malice.
Ayant ainsi médité avec Spencer, les intellectuels négligèrent bientôt le socialisme pour accueillir l’anarchie. Au lieu de la centralisation à outrance, la théorie nouvelle propose le triomphe de l’individu.
Or, le régime actuel n’offre-t-il pas la résultante même de l’individualisme ? Depuis vingt et un mille ans, assurent certains géologues, l’homme agit sur la surface de la planète pour atteindre un état de civilisation qui le dépouille de l’animalité originelle. Depuis vingt et un mille ans, l’individu s’exalte dans sa force. Le plus robuste dompte le plus faible ou le plus faible s’asservit de lui-même afin de gagner un protecteur. Sa royauté marqua la gloire de l’individu-type imposant au servilisme peureux des hommes l’excellence de sa vigueur et la sûreté de ses coups. Au cours de chaque histoire, les républiques paraissent-elles autre chose que des associations de rois opprimant la naïveté des peuples par le mirage des mots ?