mait cette affaire que pour nuire à la France et faire le jeu de l’Angleterre au Maroc.
L’Européen, et plusieurs autres journaux français de Paris et de province consacrèrent des articles à cette question. Les principaux organes espagnols, à la suite de la presse révolutionnaire se décidèrent à s’en occuper. Il en fut de même en Italie, en Angleterre, en Belgique, en Hollande, en Allemagne et en Suisse, en Algérie et au Brésil.
On vit un historien, dont la conscience égale la valeur scientifique, M. Seignobos, reconnaître qu’il avait pu se tromper en mentionnant, même sous une forme dubitative, l’existence de la Mano Negra.
Après avoir vu l’effort individuel, provoquer à force de ténacité et de persévérance, un effort collectif, il est, permis d’espérer que cet élan de la solidarité ne sera pas inefficace. Le Heraldo, de Madrid, du 13 janvier annonce que M. Dato, ministre de Grâce et de Justice, vient de donner des instructions pour qu’on réunisse les dossiers des forçats condamnés dans les procès connus sous le nom de la Mano Negra. M. Dato se propose de soumettre l’affaire à l’un des prochains conseils des ministres.
C’est à M. Dato qu’on doit déjà la mise en liberté de plusieurs des condamnés de Monjuich. Le gouvernement actuel de l’Espagne s’honorera en désavouant l’injustice commise par un de ses devanciers. Je dis en désavouant et non en réparant, car pas plus qu’on ne peut ressusciter les victimes du garrote, il n’est au pouvoir de personne d’offrir aux condamnés une compensation suffisante pour les vingt ans de leur vie qu’a dévorés l’horreur du bagne. Mais leur mise en liberté, la proclamation de leur innocence et de l’infamie de leurs bourreaux sera un soulagement pour la conscience de l’humanité, devant qui la justice ne se prescrit pas.