Page:La Revue blanche, t29, 1902.djvu/61

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

préfecture de police. — 1re division, 2e bureau, 3e section (Modèle 49)
Obligations et défenses imposées aux femmes publiques

Les filles publiques en carte sont tenues de se présenter au moins tous les quinze jours au Dispensaire de Salubrité pour y être visitées.

Il leur est enjoint d’exhiber leur carte à toute réquisition des officiers et agents de police.

Il leur est défendu de provoquer à la débauche pendant le jour ; elles ne pourront entrer en circulation sur la voie publique, qu’une demi-heure après l’heure fixée pour le commencement de l’allumage des réverbères et, en aucune saison, avant sept heures du soir, et y rester après onze heures.

Elles doivent avoir une mise simple et décente, qui ne puisse attirer les regards, soit par la richesse ou la couleur éclatante des étoffes, soit par les modes exagérées.

La coiffure en cheveux leur est interdite.

Défense expresse leur est faite de parler à des hommes accompagnés de femmes ou d’enfants, et d’adresser à qui que ce soit, des provocations à haute voix ou avec insistance.

Elles ne peuvent, à quelque heure et sous quelque prétexte que ce soit, se montrer à leurs fenêtres qui doivent être tenues constamment fermées et garnies de rideaux.

Il leur est défendu de stationner sur la voie publique, d’y former des groupes, d’y circuler en réunion, d’aller et venir dans un espace trop resserré et de se faire suivre ou accompagner par des hommes.

Les pourtours et abords des églises et temples, à distance de 20 mètres au moins, les passages couverts, les boulevards de la rue Montmartre à la Madeleine, les Champs-Elysées, les jardins et abords du Palais-Royal, des Tuileries, du Luxembourg et le Jardin des Plantes leur sont interdits. L’Esplanade des Invalides, les quais, les ponts et généralement les rues et lieux déserts et obscurs leur sont également interdits.

Il leur est expressément défendu de fréquenter les établissements publics ou maisons particulières, où l’on favoriserait clandestinement la prostitution, et les tables d’hôte, de prendre domicile dans les maisons où existent des pensionnats ou externats, et d’exercer en dehors du quartier qu’elles habitent.

Il leur est également défendu de partager leur logement avec un concubinaire ou de loger en garni avec une autre fille, ou de loger en garni sans autorisation. Dans le cas où elles obtiendraient cette autorisation, il leur est absolument interdit de se prostituer dans le garni.

Les filles publiques s’abstiendront, lorsqu’elles seront dans leur domicile, de tout ce qui pourrait donner lieu à des plaintes des voisins ou des passants.

Celles qui contreviendront aux dispositions qui précèdent, celles qui résisteront aux agents de l’autorité, celles qui donneront de fausses indications de demeure ou de noms, encourront des peines proportionnées à la gravité des cas.

Avis important. — Les filles inscrites peuvent obtenir d’être rayées des contrôles de la prostitution, sur leur demande et s’il est établi par une vérification, faite d’ailleurs avec discrétion et réserve, qu’elles ont cessé de se livrer à la débauche.

Quant à la note philanthropique de la fin, nous ne pouvons que signaler sa douce ironie. Quand une fille en carte, ayant trouvé du