l’exercice de cette fonction. La définition de l’organe est uniquement physiologique.
Ceci posé, considérons un animal au moment où les hasards des variations du globe l’amènent à vivre dans des conditions nouvelles ; cet animal est doué à ce moment d’un certain nombre de parties coordonnées, parties au moyen desquelles étaient constitués les organes dont il se servait dans les circonstances précédentes et qui lui permettaient par conséquent d’exécuter, dans ces circonstancesprécédentes, toutes les fonctions nécessaires à l’entretien de sa vie. Dans les conditions nouvelles où il se trouve transporté, une fonction nouvelle lui devient nécessaire. Alors, de deux choses l’une : ou bien, il n’a pas les outils indispensables pour effectuer cette fonction, et dans ce cas il meurt ; ou bien il peut exécuter tant bien que mal cette fonction nouvelle avec les outils (membres, appendices, etc…) qu’il possède. Le premier cas, qui est le plus fréquent, ne nous intéresse pas. Dans le second, un organe nouveau se trouve défini chez l’animal considéré ; cet organe nouveau emprunte un certain nombre des parties préexistantes et fonctionne d’abord tant bien que mal ; puis, progressivement, en vertu de la loi de l’habitude, le fonctionnement de cet organe devient de plus en plus aisé ; cet organe qui était d’abord simplement défini par la fonction nouvelle, se trouve petit à petit développé par le fonctionnement, adapté à son rôle. Et ainsi, des parties homologues, c’est-à-dire des parties du corps qui, chez deux animaux donnés sont la représentation héréditaire d’une partie de leur ancêtre commun peuvent être adaptées à des fonctions différentes : la queue du cheval lui sert pour se garer des mouches, la queue du kanguroo joue un rôle dans la station et la locomotion de l’animal :
« Le kanguroo, qui porte ses petits dans la poche qu’il a sous l’abdomen, a en conséquence, pris l’habitude de se tenir comme debout, posé seulement sur ses pieds de derrière et sur sa queue, et de ne se déplacer qu’à l’aide d’une suite de sauts dans lesquels il conserve son attitude redressée pour ne point gêner ses petits. Voici ce qui en est résulté :
« 1° Les jambes de devant, dont il fait très peu d’usage et sur lesquelles il s’appuie seulement dans l’instant où il quitte son attitude redressée, n’ont jamais pris de développement proportionné à celui des autres parties et sont restées maigres, très petites et presque sans force.
« 2° Les jambes de derrière, presque continuellement en action, soit pour soutenir tout le corps, soit pour exécuter les sauts, ont, au contraire, obtenu un développement considérable, et sont devenues très grandes et très fortes.
« 3° Enfin, la queue, que nous voyons ici fortement employée au soutien de l’animal et à l’exécution de ses principaux mouvements, a acquis dans sa base une épaisseur et une force extrêmement remarquables. » (p. 259).
Un raisonnement absolument identique expliquerait comment la station verticale, pénible chez les singes, est devenue naturelle à l’homme par une longue accoutumance grâce au développement adéquat de tou-