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On vient devoir un budget exceptionnel. Voici maintenant des budgets très fréquents relevés par M. Charles Benoist :

1re  ouvrière ayant gagné 3 fr. 75 par jour ; elle a eu 45 jours de chômage, 60 jours de fêtes et dimanches, en tout 105 jours de chômage réel ; il reste donc 260 jours de travail à 3 fr. 75 soit 975 francs par an.

Dépenses
Nourriture par an 
670 fr.
Loyer 
150  
Vêtements, robes, chapeaux 
110  
Linge 
33 60
Souliers (3 paires) 
29  
Chauffage, éclairage 
12 65
Blanchissage 
60  
Petits frais 
50  
  1 115 f. 25

Ce budget est en déficit de 140 fr. 25.

2e ouvrière gagnant 3 francs par jour ; elle a eu 5 mois de chômage (150 jours) plus, 60 jours de fêtes et dimanches, en tout 210 jours chômés ; il reste 155 jours de travail qui donnent 465 francs.

Dépenses
Nourriture 
511 francs
Loyer 
120
Vêtements, robes, chapeaux 
55
Linge 
33
Souliers (3 paires) 
30
Chauffage, éclairage 
25
Blanchissage 
48
Petits frais 
40
  862 francs

Ce budget est en déficit de 397 francs.

L’auteur cite une ouvrière chemisière gagnant 2 francs par jour dont le budget est en équilibre. Mais il est à remarquer qu’elle limite son alimentation jusqu’à ne dépenser que 0,90 franc par jour !

Si l’ouvrière ne trouve pas une liaison généreuse, elle est forcément vouée à la débilité et plus tard à la tuberculose.

Nous avons pu interroger quelques ouvrières qui nous connaissaient assez pour ne pas mentir et ne rien dissimuler. Leurs réponses se ressemblent beaucoup. Nous les résumons :

— Comment prenez-vous vos repas pendant la morte-saison ? — Chez le crémier ou chez moi. — Êtes-vous seule dans cette nécessité ? — Non pas, nous sommes nombreuses ; chez le crémier on peut se passer de viande, se nourrir de chocolat, de riz ou de café au lait. — Prenez-vous