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contraire, la tuberculose comme la maladie la plus fréquente des ouvriers en tabac ; or cela est vrai surtout pour les ouvrières (Eulenberg).

Les employés de bureau, les garçons et filles de magasin présentent, à cet égard, les plus grandes chances de contamination.

M. Marfan (1889) a relaté une épidémie de tuberculose chez des employés de bureau dans une grande administration de Paris. Cette épidémie eut pour point de départ un premier malade qui, pendant trois ans, avait travaillé dans le bureau. Sur vingt-deux employés appelés à séjourner avec lui ou après lui dans le même local, quatorze ont également succombé à la phtisie en l’espace de dix ans. Ces employés avaient au moins deux ans, plusieurs sept et vingt ans de présence dans le bureau. La maladie se communiquait par les poussières virulentes fournies par les crachats que le balayage du matin, pratiqué souvent en présence des employés, venait remuer et soulever autour d’eux.

La mauvaise hygiène privée, la misère domestique, le surmenage, les excès de tout genre sont autant de facteurs dont il faut tenir compte, mais qui ne sont pas le fait de la profession elle-même.

L’intempérance, l’alcoolisme jouent aussi un rôle important, en tant qu’agents de déchéance organique et causes prédisposantes. C’est ainsi que la phtisie est très fréquente chez les bouchers (en Angleterre comme en Suisse), non pas dès le début, mais à partir de trente à trente-cinq ans, par le fait même de leur intempérance et de la dégénérescence constitutionnelle qui en résulte. Il en est de même pour les boulangers.

Les intoxications professionnelles sont, elles aussi, une cause de prédisposition ou d’aggravation dans les cas d’imminence morbide. Leudet, de Rouen, a signalé, en 1879, le développement rapide de la tuberculose chez les ouvriers saturnins chroniques, en même temps que son évolution rapide vers une terminaison funeste.

Kerchenmeister, en 1875, a constaté la très grande fréquence de la tuberculose pulmonaire chez les ouvriers des industries de Furth (un cas sur cinq ou six ouvriers) : aussi bien chez les ouvriers des fabriques de papiers peints, soumis à l’intoxication arsenicale, que chez les ouvriers des fabriques de glaces, soumis à l’intoxication mercurielle, que chez les ouvriers fabricants de bronze employés à la pulvérisation du métal, soumis à l’intoxication saturnine. W. Ogle a également signalé les ravages que fait la phtisie chez les ouvriers employés dans les mines d’étain, de cuivre et de plomb dans la Cornouaille, alors que cette affection est rare chez les mineurs de fer, plus rare encore chez les mineurs de charbon [1].

Voici un extrait d’un tableau relevé par Hirt sur la fréquence de la phtisie dans certaines professions. (Nous avons pris celles où la main-d’œuvre est considérable) :

  1. Cité par le Dr  Layet, dans l’Encyclopédie d’hygiène et de médecine publique, tome VI, page 609.