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Oxycarburisme. — Les cuisinières, les teinturières, les fileuses, les étameuses, les repasseuses, les tailleuses (qui se servent de fers très chauds pour le rabattage des coutures, etc.) sont particulièrement exposées à l’oxycarburisme.

Voici, d’après le docteur Brouardel, les effets du gaz oxyde de carbone : « l’anémie, qui s’affirme de plus en plus, malgré une sorte d’assuétude apparente ; elle s’accompagne de cyanose de la face, de céphalalgie, de vertiges, de ralentissement du pouls et de la respiration, de l’abaissement de la température, de troubles gastro-intestinaux, et enfin de phénomènes nerveux (Layet).

Brouardel divise en deux groupes, selon que ces troubles suivent immédiatement l’intoxication ou qu’ils ne se présentent que plus tard, sans avoir été précédés par les premiers.

Dans le premier groupe, c’est-à-dire consécutivement à un coma plus ou moins prolongé, les patients peuvent présenter un état qui simule l’ivresse ou ses suites ; l’individu est hébété, il ne se souvient de rien, et cela quelquefois pendant un certain temps. Il peut y avoir aussi des troubles de la mobilité.

Au congrès d’hygiène de Turin, le docteur de Beauvais a insisté sur la longue durée de la perte de la mémoire et sur la persistance de l’insomnie, malgré les narcotiques.

Le deuxième groupe est constitué par les paralysies. L’intelligence peut être très profondément affectée, au point de constituer un véritable état de démence.

La dermatite des dévideuses ou fileuses de cocons de vers à soie. — L’immersion fréquente des mains dans une eau chaude qui ne tarde pas à se charger de substances organiques et de la matière agglutinante des cocons provoque chez les ouvrières une affection spéciale bien décrite par Potton (1853) sous le nom de mal de vers ou de bassine.

L’action de l’eau chaude, dit le docteur Layet, surtout savonneuse, en ramollissant l’épiderme, en congestionnant et en irritant le derme des mains, prédispose sans aucun doute aux effets de la matière organique infectieuse à laquelle doivent être attribuées les manifestations éruptives les plus graves.

Voici d’après Potton les symptômes des trois degrés : Premier degré : Teinte érythémateuse plus marquée entre les doigts ; tuméfaction, douleur cuisante, chaleur âcre ; marbrures, plaques brunâtres à la peau, soulèvement de l’épiderme ; vésicules miliaires, quelquefois bulles remplies de sérosité claire s’épaississant, se troublant, puis devenant visqueuses : tous les mouvements sont pénibles.

Les ouvrières continuant leur travail, les vésicules se crèvent, et un soulagement momentané, d’autrefois permanent en résulte. Les symptômes s’amendent, l’inflammation et la douleur disparaissent.

Durée, sept à huit jours.

Deuxième degré ou période pustuleuse : Les vésicules se changeant