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Quelquefois aussi les bronches sont irritées, il y a de l’enrouement et une toux sèche. Enfin on a observé des vertiges, des douleurs généralisées, une paralysie incomplètedu mouvement affectant surtout la forme paraplégique, une teinte terreuse de la peau et de l’amaigrissement ». (Traité d’hygiène, p. 281) [1]

Phosphorisme. — La fabrication des allumettes chimiques comprend, en dehors des opérations préalables qui ont pour but la mise ou montage en cadres des billes d’allumettes, et leur souffrage :

1° La préparation de la pâte phosphorée ;

2° Le trempage des allumettes ou chimicage ;

3° Le séchage ;

4° Le dégarnissage des cadres ou dépressage ;

5° Le triage, la mise en boîtes et l’empaquetage.

« Toutes ces opérations, dit Layet, donnent lieu à un dégagement plus ou moins notable de vapeurs phosphorées. La manipulation directe de la substance nuisible, avant, pendant ou après la fabrication proprement dite, rend cette industrie singulièrement dangereuse pour les ouvriers, pour les ouvrières surtout, qui forment dans les fabriques la majeure partie du personnel employé ». (Encyclopédie d’hygiène, t. VI, p. 509.)

Les ouvrières des fabriques d’allumettes sont particulièrement exposées à la nécrose phosphorée. En Allemagne, où les femmes sont en très grande majorité, c’est parmi elles qu’on observe le plus grand nombre de cas.

Ainsi, de Bibra et Geist, sur 53 cas qu’ils ont rassemblés et empruntés aux auteurs allemands, ont trouvé 48 femmes et seulement 5 hommes ; tandis que M. Trélat réunissant 71 cas, presque tous observés en France, moins 13, est arrivé à des rapports presque égaux entre les deux sexes, 36 femmes et 35 hommes.

Depuis quelques années, les nécroses sont beaucoup moins fréquentes qu’elles ne l’étaient il y a trente ans au moment où Lorinser et Strohl appelèrent les premiers, l’attention sur cette affection.

Nous devons noter que depuis le 1er  octobre 1898, on n’emploie plus le phosphore blanc dans les fabriques d’allumettes.

Le médecin attaché à ces manufactures prétend que tout danger d’intoxication a disparu. Le phosphore blanc des anciennes allumettes a été remplacé par le sesquisulfure de phosphore. Néanmoins, quoique faible, la toxicité de ce produit est réelle.

  1. Les professeurs Hofmann et Ludwig ont cité un cas d’empoisonnement très grave chez deux femmes, la mère et la fille, occupées depuis six ans à la confection de couronnes mortuaires en mousse artificielle parsemée de fleurs rouges. Elles teignaient elles-mêmes les matériaux nécessaires et ne se servaient que de fuchsine et de vert d’iode. La première atteinte fut méconnue ; la seconde emporta la mère. L’autopsie révéla les lésions caractéristiques de l’empoisonnement par l’arsenic. À la suite de cet empoisonnement, on préleva chez les marchands de Vienne, six échantillons de la plus fine qualité de fuchsine : cinq présentèrent une proportion d’acide arsénieux variant entre 1 et 3 % (Revue d’hygiène, 1879 n° 79.)