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Laissons le saturnisme, que nous sommes loin devoir épuisé, pour parler des effets de :

L’Hydrargyrisme : Il atteint plus les femmes que les hommes, dit le Dr  Proust : « Sur 100 ouvriers, 80 souffrent d’accidents, et on remarque que les jeunes femmes sont emportées en plus grand nombre que les jeunes gens. »

Au nombre des professions (nombreuses) où le travailleur se trouve exposé à l’intoxication mercurielle, citons celles-ci qui comprennent un grand nombre de femmes : Ajoutons, que le rachitisme (Kusmaül) et la phtisie (Stickler) ont été considérés comme des dégénérescences auxquelles conduit soit directement chez les ouvriers eux-mêmes, soit indirectement chez leurs descendants, l’intoxication mercurielle professionnelle.

D’après le Dr  Proust les phénomènes nerveux qui accompagnent l’hydrargyrisme se présentent sous les trois formes suivantes :

1° Le tremblement mercuriel proprement dit ;

2° Le tremblement mercuriel avec convulsions et douleurs ; c’est cet ensemble de troubles, phénomènes convulsifs, douleurs plus ou moins vives, qui constitue un des caractères principaux de l’état que l’on appelle, en Espagne, calambres ;

3° La paralysie mercurielle avec altération de l’intelligence.

L’un des métiers où l’intoxication mercurielle est la plus violente est celui des coupeurs de poils de lapin dans la chapellerie. Or les femmes sont assez nombreuses dans cette profession. Celles qui sont occupées au secrétage, au brossage, et au coupage. L’immersion constante des mains dans la solution de nitrate acide de mercure et les vapeurs qui s’échappent de l’étuve sont des causes puissantes d’intoxication. Outre les excoriations des mains et les altérations de la peau, parfois rebelles, que produit le contact prolongé de la solution, ces ouvrières sont souvent atteintes d’un tremblement pouvant acquérir une violence étonnante [1].

En même temps que les accidents nerveux, les troubles nutritifs s’accentuent et aboutissent à une déchéance de tout l’organisme constituant la cachexie mercurielle. La face est pâle, terreuse, bouffie ; il y a de l’œdème des extrémités, une inappétence absolue, une soif ardente, des vomissements, de la diarrhée dysentériforme. Dans ces conditions la malade ne tarde pas à succomber, soit au progrès de l’anémie et de l’affaiblissement, soit à une infection secondaire, soit à la tuberculose qui la guette. On a même décrit une phtisie hydrargyrique. Ce qu’il y a de certain, c’est que la phtisie est plus fréquente chez les ouvriers hydrargyrisés. D’après Kussmaül, à Arlangen, la proportion des phtisiques aurait été chez eux de 71 %, tandis qu’elle n’était que de 22 % chez les autres malades [2].

Arsenicisme. — Les travaux féminins dans lesquels la manipula-

  1. Les poisons industriels (Office du Travail).
  2. Ibid., loc. cit