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« Certes, il y a dans la jeune Université un incontestable progrès et une meilleure orientation vers la vie, mais il ne faudrait pas qu’elle continue à lutter systématiquement contre les écrivains nouveaux, n’admettant un mouvement littéraire que lorsqu’il est remplacé par un autre plus récent.

« Au point de vue de l’éducation, de mon temps l’action universitaire se bornait à inculquer le respect des choses établies, de l’autorité actuelle et on sentait trop qu’il en eût été de même sous n’importe quel gouvernement.

« Quant à la liberté de l’enseignement, désirable en principe, elle est inapplicable, l’homme de la petite bourgeoisie, dont toute l’ambition est de diriger ses enfants vers les carrières libérales, n’étant pas capable de discerner l’éducation qu’il convient de leur donner. La liberté demandée par les cléricaux est mauvaise en ce qu’elle leur permet d’instaurer un enseignement dont est absolument banni l’esprit d’examen. Le parti républicain est, somme toute et malgré ses défauts, guidé vers les routes de l’avenir, ne saurait, sans se désarmer et sans un grand dommage pour les intérêts de l’évolution, abandonner actuellement son monopole. »

Nous demandons à M. Gustave Kahn, qui fut des amis de Verlaine, si le religiosisme de l’auteur de Sagesse était attribuable à son éducation.

« Non, le sentiment religieux, chez Verlaine, était dû à certains côtés puérils de son caractère et aussi à la dyspepsie qui est un gros agent de mysticisme. Voyez Huysmans qui a passé de si belles études sur les estomacs de Paris à une histoire de Sainte Lydwine de Schiedam. Le catholicisme de Verlaine était d’essence très particulière, c’était celui de Gestas, le mauvais larron ; il procédait beaucoup aussi d’une vive admiration pour des poésies simples comme les Fioretti. En somme, Verlaine, qui aimait beaucoup les images populaires et dont le sens artistique, malgré de beaux éclairs, n’était pas très développé, n’a pas toujours fait une différence suffisante entre l’Épinal et le Saint-Sulpice.

De M. Léopold Lacour :

1° Mon premier lycée fut une boite religieuse, ma première boîte laïque fut un lycée de l’État. Puis, j’ai connu comme interne ou externe, d’autres établissements de l’État, jusqu’au jour où j’entrai à Normale, également à l’État, et qui ne fut pas mon internat le plus gai : j’avais passé l’âge où les divers jeux de l’enfance peuvent être une distraction suffisante.

2° Dans la boîte religieuse, — j’y fis, je crois bien, ma première communion, — on n’apprenait avec le catéchisme que la gymnastique et le piston, à moins que l’élève ne préférât la flûte ou l’ophicléide. Mon « développement intellectuel et moral » ne saurait donc se reconnaître aucune dette envers cette maison. Non plus, d’ailleurs, qu’envers le premier lycée laïque, où j’eus même le chagrin de me sentir un flûtiste en