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veillant de la mine ; mais sur le roc, bouche close. Et ces bonnes gens étaient toujours heureux, toujours satisfaits. À l’occasion nous nous rattrapions, nous redorions notre réputation de discernement et d’austère et inflexible véracité, en infligeant à quelque vieille concession abandonnée un attrapage capable d’en faire tressauter le squelette desséché, et alors quelqu’un s’en emparait, et la vendait grâce à la notoriété passagère qu’elle avait ainsi acquise.

Il n’y avait rien qui, sous forme de concession minière, ne fût pas vendable. Nous recevions des cadeaux de pieds tous les jours. Si nous avions besoin d’une centaine de dollars environ, nous en vendions quelques-uns ; sinon nous les mettions de côté — sûrs qu’ils finiraient par valoir des millions de dollars pièce. J’en avais une malle presque à moitié pleine. Dès qu’une concession se remuait à la Bourse et montait à une haute cote, je fouillais dans mon tas, pour voir si je possédais du titre, et généralement j’en trouvais.

Les prix montaient et descendaient constamment ; mais cependant la baisse nous laissait froids, parce que notre chiffre c’était mille dollars le pied, et que nous consentions à laisser la valeur fluctuer tant qu’elle voudrait jusqu’à ce qu’elle l’atteignît. Mon monceau d’actions ne m’avait pas été donné tout entier par des gens qui voulaient un article sur leur mine. La moitié au moins me venait de personnes qui n’avaient jamais eu pareille arrière-pensée et qui ne s’attendaient qu’à un simple merci verbal, auquel on n’était même pas tenu par la loi. Chacun avait ses poches pleines de valeurs et c’était positivement la coutume du pays que d’en distribuer de petits paquets aux amis sans qu’ils vous le demandassent. Quand quelqu’un offrait des valeurs en cadeau à un ami, c’était une sage inspiration de la part de ce dernier que de terminer la transaction sur le champ ; car l’offre n’était valable et efficace qu’à ce moment même, et alors, si le cours montait tout de suite après, cette temporisation devenait une source de regrets. Monsieur Stewart (sénateur aujourd’hui du Nevada) me dit un jour que si je voulais l’accompagner à son bureau, il me donnerait vingt pieds en actions de la Justis. Cela valait cinq ou six dollars le pied. Je lui demandai de reporter son offre ferme au lendemain, parce que j’allais dîner. Il me répondit qu’il devait s’absenter le lendemain. Alors je me risquai et je pris mon dîner à la place des actions. Avant la fin de la semaine le cours monta à 75 dollars et ensuite 150 dollars ; mais rien ne put faire céder mon homme. Je suppose qu’il vendit mes valeurs et qu’il en mit le coupable