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— Que-qu’est ce que vous savez de la Pensylvanie ? Répondez-moi voir. Que - qu’est-ce que vous savez de la Pensylvanie ?

— Je voulais seulement dire…

— Vous vouliez seulement dire. Vous ! Vous vouliez seulement dire… Qu’est-ce que c’est que vous vouliez dire ? Voilà ! Voilà ce que, moi, je veux savoir. Je veux savoir, moi, qu’est-ce que vous savez de la Pensylvanie, puisque vous prenez cette sacrée liberté-là. Répondez-moi voir !

— Monsieur Arkansas, si vous me laissiez seulement…

— Qu’est-ce qui vous retient ? N’insinuez rien contre moi ? N’est-ce pas ! Ne venez pas ici faire la loi, jurer et tempêter comme un fou, n’est-ce pas ? Parce que, moi, je ne le supporterai pas. Si c’est une bataille que vous voulez, dites-le. Je suis votre homme, dites-le !

Johnson, battant en retraite dans un coin et suivi par Arkansas, menaçant répliqua :

— Eh ! mais, moi, je n’ai rien dit, monsieur Arkansas. Vous ne laissez pas les gens s’expliquer. J’allais seulement dire que la Pensylvanie allait avoir une élection la semaine prochaine — voilà tout — je ne voulais pas en dire plus long. Que je devienne impotent si ce n’est pas vrai.

— Ben alors, pourquoi ne le dites-vous pas ? Qu’est-ce que vous avez à faire le malin comme ça et à chercher des disputes ?

— Comment ! mais je ne faisais pas le malin, monsieur Arkansas… Je…

— Je suis un menteur, moi, alors ! Par l’âme du grrrand César…

— Oh S’il vous plaît, monsieur Arkansas, je n’ai pas eu l’intention d’avancer pareille chose, j’aimerais mieux mourir. Tous les camarades vous diront que j’ai toujours bien parlé de vous et que je vous ai respecté plus que personne dans la maison. Demandez à Smith, pas vrai, Smith ? Est-ce que je n’ai pas dit, pas plus tard qu’hier soir que, pour quelqu’un qui était un Monsieur tout le temps et sur toutes les coutures, passez-moi Arkansas ? Je m’en rapporte à n’importe lequel de ces messieurs : n’est-ce pas mes propres paroles ? Allons, voyons monsieur Arkansas, prenons un verre — serrons-nous la main et prenons un verre. — Arrivez, tout le monde ! C’est ma tournée. Arrivez Bill, Tom, Bob, Scott — arrivez, je veux que vous preniez tous un verre avec moi et Arkansas — ce vieil Arkansas, comme je l’appelle, ce vieux rossard d’Arkansas. Redonnez-moi la main. Regardez-le, les gars ! non, mais regardez-le, le v’là l’homme le plus blanc d’Amérique ! et celui qui dit non aura