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ques d’horlogerie ; les ouvrières de la tréfilerie d’or, de la bijouterie ; les brunisseuses d’or et d’argent.

Ajoutons à cette énumération concernant la métallurgie, les ouvrières des pierres précieuses (les polisseuses et tailleuses de diamants) et les polisseuses de la marbrerie.

On voit donc l’importance de la main-d’œuvre féminine dans la seule métallurgie et combien le travail de nuit peut les atteindre.

Nous interrompons cette énumération, bien qu’elle présente un haut intérêt social. Ajoutons néanmoins quelques industries importantes où la femme concurrence l’homme : les fabriques de bouteilles et, en général, la verrerie, la cristallerie, la glacerie, la gobeletterie (guillocheuses, biseauteuses, polisseuses, tailleuses, graveuses sur verre fin, etc.) ; les fabriques d’émaux sur cuivre ; la verrerie d’art (coupeuses, fletteuses, rebrûleuses, brunisseuses, graveuses) ; la minoterie, la confiserie, etc., etc. Or, un grand nombre de ces industries sont signalées comme faisant du travail de nuit [1].

Dans les filatures de laine peignée, l’interdiction d’introduire des filles et femmes mineures dans les équipes de nuit a provoqué des plaintes assez vives de la part des fabricants.

Le rapport de l’Inspection centrale du travail de 1895 (en Autriche) caractérisait de la manière suivante les difficultés rencontrées par les industriels dans l’application de cette mesure :

C’est particulièrement aux opérations préparatoires de la filature que sont employées les femmes protégées, dont une faible proportion seulement ont atteint l’âge de 18 ans.

Lorsque des commandes importantes, à exécuter en vue de l’exportation, nécessitent une activité plus grande dans l’usine, on est forcé d’abord de mettre en marche, le jour seulement, des machines dites de préparation, tenues en réserve ; mais quand les offres sont plus considérables et les acheteurs plus pressés, il faut parfois continuer le travail, la nuit, avec le personnel féminin attaché à ces machines. Or, dans la situation actuelle, le nombre des ouvrières âgées de plus de 21 ans est absolument insuffisant pour les périodes de forte production. Il en résulte donc qu’à certains moments pour permettre à la production de suivre les commandes, il faudrait pouvoir employer la nuit quelques filles ou femmes de 18 à 51 ans. Cet emploi peut, il est vrai, être autorisé temporairement par le gouverneur, mais les autorisations sont obtenues difficilement.

La conséquence de cette sévérité a été que, pour permettre à des filles ou femmes de 18 à 21 ans de travailler toujours pendant le jour, des femmes mariées travaillent constamment pendant la nuit, au lieu de travailler alternativement une semaine le jour, l’autre semaine la nuit.

Et l’Inspection concluait en appuyant une pétition des industriels de

  1. La femme est aussi utilisée dans les industries suivantes : la fabrication des jouets, la ganterie, la pelleterie, la chapellerie, l’industrie des produits chimiques, les raffineries d’huile et de matières grasses, la maroquinerie et le cartonnage, les fabriques d’ouate et de paillassons, les fabrique® d’écorce, le découpage sur bois, le nettoyage des duvets, la photographie, la lithographie, les fabriques de colle et de gélatine, etc., etc.