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L’ouvrière chenilleuse d’habileté moyenne peut faire 500 mouchetages à l’heure. Le mouchetage est payé par l’entrepreneuse à l’ouvrière à raison de 0 fr. 18 à 0 fr. 20 le mille. Pour douze heures de travail, le salaire sera donc de 1 fr. 08 à 1 fr. 20. La mère de famille qui a des enfants à soigner et son ménage à faire, ne travaillant que huit heures par jour, n’arrivera qu’à un salaire de 0 fr. 72 à 0 fr. 80. Deux mois de morte-saison pendant laquelle la production est restreinte de moitié, ce qui ramène le salaire annuel à 200 francs environ. Tel est le prix de l’ornementation des voilettes.

L’ouvrière découpeuse. Le découpage consiste à découper aux ciseaux dans le tulle les bordures sinueuses de la dentelle en en suivant le dessin. Il est payé 0 fr. 01, 0 fr. 02, 0 fr. 03 le mètre, suivant l’article. De l’article qui lui est payé 0 fr. 01, l’ouvrière peut découper 75 mètres par jour ; de l’article payé 0 fr. 02, elle pourra encore découper 65 mètres ; mais elle ne dépassera pas 50 mètres sur les dentelles dont le découpage est payé 0 fr. 03. Ce qui représente des journées respectives de 0 fr. 75, 1 fr. 30, 1 fr. 50.

La pointonneuse. Le pointonnage consiste à coudre un pointon (petite résille fine) tout le tour de la dentelle. Voici les salaires obtenus par quatre ouvrières :

Pour la 1re ouvrière, le salaire de trois mois était de 38 fr. 51 ; pour douze mois il s’élèverait donc à 154 fr. 04.

Pour la 2e ouvrière, en trois mois, il était de 68 fr. 32, ce qui, en douze mois, représentait 273 fr. 28.

Pour la 3e, en cinq mois, il était de 108 fr. ; en douze mois, de 259 fr. 20.

Pour la 4e ouvrière, le salaire de six mois est de 170 fr. 68 ; son salaire annuel sera donc de 341 fr. 39.

Le salaire moyen annuel des ouvrières travaillant sur les dentelles, en 1895 (il a plutôt diminué depuis), a donc oscillé entre 150 et 350 francs, chiffre maximum.

Culottières et giletières. La façon d’un pantalon en drap est payée 0 fr. 50 ; une bonne ouvrière en fait trois dans sa journée. Le salaire moyen de la culottière et de la giletière oscille entre 1 fr. 50 et 1 fr. 85.

La machine nécessaire pour le montage du gilet ou du pantalon vaut 260 francs (10 à 15 francs de réparations par an).

Enfin, la culottière qui fait le pantalon treillis pour fournisseurs militaires n’est payée qu’à raison de 0 fr. 15 le pantalon. Elle en fait environ 6 en 12 heures, — soit 0 fr. 90 par journée de 12 heures. La patrie a des exigences.

L’ouvrière en résilles. Ce travail consiste à retirer des mailles, de distance en distance, certains fils, et à les remplacer par des fils élastiques. Ce travail est payé à raison de 0 fr. 40 les douze douzaines.

L’ouvrière habile qui achève trois douzaines en une heure gagne donc 0 fr. 10 l’heure.

Les ouvrières sont concurrencées par des enfants de 8 à 12 ans…

Lingères. La monteuse de chemises fines gagne de 1 fr. 25 à 1 fr. 75 par jour. La finisseuse reçoit 0 fr. 50 ou 0 fr. 60 par chemise ; il lui faut