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Ces différents chiffres, dit le rapporteur, nous permettent de déterminer ce que l’on pourrait rappeler le coefficient de rédaction du salaire journalier apparent qui permet d’arriver au salaire réel. « Nous recevons 4 francs par jour, disent les ouvrières ; cela fait en réalité 3 francs, dimanches, fêtes et chômages déduits. »

Ouvrières du noyau :

Le coefficient est de 24 à 29 p. 100, c’est-à-dire qu’un salaire de 3 fr. et 4 fr, doit être abaissé de 24 à 29 p. 100 pour qu’on obtienne le salaire réel :

Soit : 2 fr. 13 ou 2 fr. 84.

2° Ouvrières « intermédiaires » :

Le coefficient est de 37 à 46 p. 100. Soit 1 fr. 62 ou 2 fr. 16.

3° Ouvrières supplémentaires :

Le coefficient est de 57 p. 100. Soit 1 fr. 29 ou 1 fr. 72.

Le rapporteur a soin de dire que ces salaires ne sont pas l’expression exacte de la réalité. Il a raison. Il y a d’abord une erreur capitale dans son estimation : il a pris pour base dans les trois catégories d’ouvrières le salaire uniforme de 3 à 4 francs. Le noyau, « l’intermédiaire » et la supplémentaire ont des salaires assez différents.

Voici quelques monographies d’ateliers qui montrent que les salaires journaliers au-dessous de 3 francs ne sont pas rares.

Atelier n° 12 1 ouvrière 2 fr. 75
1 ouvrière 2 » 50
 
Atelier n° 15 1 première 3 fr.
1 ouvrière 2 » 50
1 ouvrière 1 » 50
 
Atelier n° 19 1 ouvrière 3 fr.
1 ouvrière 3 »
1 ouvrière 2 »
1 ouvrière 2 »
1 ouvrière 2 »
 
Atelier n° 14 1 première 3 fr.
1 ouvrière 2 »
1 ouvrière 1 » 50
Atelier n° 18 1 ouvrière 4 fr.
1 ouvrière 3 »
1 ouvrière 2 » 75
1 ouvrière 2 »
Atelier n° 20 1 ouvrière 4 fr. 50
1 ouvrière 3 »
1 ouvrière 2 » 50
1 ouvrière 2 » 50
1 pte. main 1 » 50
1 pte. main 1 » 50

Il est vrai que dans d’autres ateliers on voit des garnisseuses à 5 francs, 6 francs et même 7 francs. Mais tout le monde sait qu’il s’agit là d’une infime minorité. Les salaires ci-dessus sont les plus fréquents. Et si l’on cherche alors ce que M. du Maroussem appelle le coefficient de réduction du salaire, on constate généralement des salaires réels de 1 franc et au-dessous [1].

  1. Si l’on veut avoir une idée des bénéfices réalisés par les maisons de couture, il faut considérer la maison P. Fondée en 1891, la maison P. accusait cette année-là comme profit net, déduction des frais généraux et du prélèvement du patron, 15 803 francs.

    En 1892, elle accuse un bénéfice net de 96 854 francs ; en 1893, de 315 828 francs ; en 1894, de 821 053 francs : en 1895, de 1 170 994 francs ; en 1896, de 1 500 000 francs.

    Aujourd’hui la maison P. est transformée en société anonyme au capital de 12 millions et demi.

    Elle est la propriété de capitalistes anglais ; son siège social est à Londres.