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(taux de famine) est presque uniforme. En effet, sur 4 646 ouvrières de la surface dont on a relevé le salaire individuel, on trouve :

176 gagnant moins de 1 franc par jour.
2 895 gagnant de 1 fr. à 1 fr. 49
1 485   1 fr. 50 à 1 fr. 99
77   2 fr. à 2 fr. 49
13   2 fr. 50 à 3 fr.

Il n’y en tout que 285 femmes payées d’après la quantité de travail, contre 5 847 payées d’après le temps de travail ; sur ce nombre, 5 773 sont payées à la journée.

Il est clair, dit M. Armand Julin, que ce mode de rémunération ne se concilie pas avec l’existence de taux de salaire nombreux, les taux de salaire se multipliant principalement sous l’influence de l’effort plus ou moins énergique de l’ouvrier, lorsque celui-ci est payé à la tâche ou à l’entreprise [1].

Revenons en France. — La Statistique de l’Industrie minérale pour l’année 1891, publiée par le ministère des Travaux publics, donne la composition du personnel, journées de travail et moyenne des salaires par département, dans l’ensemble des établissements miniers.

Dans la Nièvre, où la proportion des femmes ouvrières est de 20 p. 100, le salaire moyen (hommes et femmes) serait de 2 fr. 30. Mais ce chiffre ne signifie rien, le salaire moyen étant ce qu’il y a de plus fictif et de plus arbitraire. Reportons-nous à l’enquête de l’Office du Travail. Nous lisons : femmes manœuvres, salaire minimum, 1 fr. 30 ; salaire maximum, 2 fr. 15.

Dans le Puy-de-Dôme (dans une entreprise de 570 chevaux-vapeur) : salaire minimum des femmes manœuvres, 1 fr. 25 ; salaire maximum, 1 fr. 75.

Dans le Gard (entreprise de 2 900 chevaux) : femmes aux lavages, 1 fr. 50 (maximum, 1 fr. 75) ; femmes aux agglomérés, 1 fr. 25 (maximum, 1 fr. 75) ; femmes au coke, 1 fr. 50 (maximum, 2 fr. 25) ; diverses, 1 fr. 25.

Dans le Gard (entreprise de 890 chevaux), les trieuses gagnant 1 fr. 50 ; les laveuses, 1 fr. 60 ; les manœuvres, 1 fr. 50 ; diverses, 0 fr. 90.

Dans l’Aveyron, où la proportion des femmes est de 33 p. 100, nous relevons, dans une entreprise de 140 chevaux : femmes garde-barrières, de 1 fr. 50 à 2 francs ; dans une entreprise de 110 chevaux : femmes manœuvres, de 1 fr. 20 à 1 fr. 60 ; dans une entreprise de 470 chevaux : trieuses, de 1 franc à 1 fr. 75 ; dans une entreprise de 500 chevaux : femmes manœuvres, de 1 franc à 1 fr. 50.

Comme on pourrait croire que ces salaires invraisemblables soient l’exception, nous citerons encore une série d’exemples :

Pans la Creuse (entreprise de 500 chevaux) ; femmes manœuvres, de 1 fr. 30 à 1 fr. 50.

  1. Ces renseignements, recueillît par l’Office du Travail de Belgique, ont été produits par M. Armand Julin dans un rapport très documenté lu au xxe Congrès annuel de la Société d’Économie Sociale.